Le gouvernement Harper table sur la fin de la mission des 2800 soldats canadiens en Afghanistan pour combler une partie du déficit fédéral, a appris La Presse.

La fin de cette mission militaire, en 2011, permettra au gouvernement canadien de réduire ses dépenses de quelque 1,5 milliard de dollars par année, selon certaines estimations.

En 2008, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, avait estimé que la mission canadienne en Afghanistan coûterait de 14 à 18 milliards de dollars entre 2002 et 2011. Ces estimations comprenaient le coût des opérations militaires (70%), l'aide au développement et la reconstruction (10%) ainsi que les indemnités versées aux anciens combattants (20%).

Le gouvernement Harper évaluait pour sa part à 11,3 milliards en 10 ans les coûts directs liés au déploiement des soldats canadiens en Afghanistan. Quoi qu'il en soit, les économies seront importantes dès lors que les soldats canadiens seront rapatriés au pays.

«Les gens ont tendance à oublier que la fin de la mission en Afghanistan nous permettra de réduire nos dépenses de manière importante. Cela va nous aider dans notre lutte contre le déficit», a indiqué à La Presse une source conservatrice.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a d'ailleurs confirmé récemment à La Presse que le gouvernement Harper a la ferme intention de mettre fin à la mission des soldats à la date prévue, en 2011.

«Il ne restera plus aucun militaire en Afghanistan, sauf peut-être à l'ambassade du Canada à Kaboul», a indiqué le chef de la diplomatie canadienne dans une entrevue de fin d'année.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, évalue à 56 milliards de dollars le déficit du gouvernement en 2009-2010. Il prévoit que le déficit sera éliminé d'ici à 2015. M. Flaherty doit déposer son prochain budget le 4 mars à la Chambre des communes. Ce budget ne contiendra pas de nouvelles dépenses importantes pour stimuler l'économie.

Les stratèges conservateurs tablent également sur la fin du plan de relance économique du gouvernement, qui s'élève à quelque 40 milliards de dollars en deux ans, pour éliminer une partie importante du déficit. Ce plan de relance prend fin le 31 mars 2011.

D'ici deux ans, le déficit devrait donc être réduit de près de la moitié. Il devrait être de 27,4 milliards en 2011-2012, de 19,4 milliards en 2012-2013, de 11,2 milliards en 2013-2014 et 5,4 de milliards en 2014-2015.

Dans des entrevues de fin d'année accordées à des réseaux de télévision, le premier ministre Stephen Harper a promis de rétablir l'équilibre budgétaire à Ottawa sans augmenter les impôts ou les taxes et sans réduire les transferts aux provinces. Selon lui, la croissance des revenus résultant de la reprise économique et une gestion serrée des dépenses de l'État devraient être suffisantes.

«Nous n'allons pas augmenter les taxes, mais nous allons limiter la hausse des dépenses à l'avenir. L'assiette fiscale au pays va se rétablir graduellement. Et d'ici quatre ou cinq ans, si nous maintenons le cap, nous allons rétablir l'équilibre budgétaire. Il faut s'imposer une discipline budgétaire et non pas imposer des compressions radicales dans les programmes ou augmenter de façon radicale les impôts et les taxes», a dit M. Harper au réseau CTV.

Toutefois, la majorité des économistes doutent que le gouvernement fédéral puisse éliminer le déficit sans augmenter les taxes ou les impôts. Plusieurs exhortent d'ailleurs le gouvernement Harper à ramener la TPS à 7%. Cette hausse de deux points de pourcentage permettrait à Ottawa d'engranger annuellement 12 milliards de dollars en revenus.

Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, croit d'ailleurs que le gouvernement fédéral a trop réduit son assiette fiscale et qu'il est retombé dans l'ornière des déficits structurels. Il évalue ce déficit structurel à au moins 12 milliards de dollars par année.

Dans le dernier rapport du puissant comité des finances, à la mi-décembre, les députés conservateurs ont affirmé, dans une opinion complémentaire, que le gouvernement fédéral «devra rétablir l'équilibre budgétaire, non en relevant les impôts, en sabrant les prestations versées aux Canadiens ni en refilant des responsabilités aux provinces, mais en pratiquant une gestion financière responsable».

Les députés conservateurs ont ajouté: «Une fois la relance mondiale assurée, la priorité du gouvernement devrait être d'en revenir à des budgets équilibrés et de renouer avec ses pratiques de remboursement de la dette. Les déficits structurels constants sont inacceptables.»