Pour lutter contre l'insurrection en Afghanistan, le Canada a mis sur pied un programme très efficace et peu coûteux qui compense les Afghans ayant subi des dommages causés par des soldats canadiens.

Même si les paiements sont généralement modestes, ils visent à envoyer le message aux Afghans que les Forces canadiennes sont là pour les aider.

Selon le lieutenant-commandant Mike McCarthy, le programme est efficace pour lutter contre la propagande des insurgés selon laquelle les troupes canadiennes sont en Afghanistan pour détruire le pays. «Nous démontrons aux Afghans qu'en fait, nous nous préoccupons énormément de leur sort», a souligné M. McCarthy.

Ainsi, une fois par semaine, les Afghans qui se disent lésés se présentent aux portes du Camp Nathan Smith, situé dans la ville de Kandahar, pour présenter leurs réclamations.

La plupart d'entre elles sont faites pour des dommages causés aux récoltes de fermiers. Les véhicules de l'armée canadiennes sont parfois forcés de quitter la route pour éviter des engins explosifs, causant ainsi des dégâts aux récoltes, notamment aux vignes de raisins ou aux champs de blé.

D'autres Afghans font des réclamations pour des dommages causés à des murs et des complexes immobiliers situés à proximité des champs dans les districts tels que ceux de Panjwaii ou d'Arghandab, où se trouvent de riches terres agricoles.

Depuis l'implantation du programme, environ mille réclamations ont été faites, plusieurs pour des dommages causés à des véhicules. Le total des sommes versées jusqu'à date serait de quelques millions de dollars, une goutte d'eau dans le budget de l'armée.

Armé d'une pile de documents et d'un sac à dos bourré d'environ deux millions d'afghanis (soit près de 42 000$) retirés plus tôt à un guichet automatique, M. McCarthy passe une matinée par semaine dans une petite pièce située à l'intérieur du camp, tout près de l'entrée.

«Malheureusement, l'entente entre l'Afghanistan et le Canada est très claire: nous ne sommes pas responsables pour les dommages causés lors des opérations», a expliqué le militaire à un réclamant, lors du passage de La Presse Canadienne à son lieu de travail.

«Evidemment, nous comprenons que vous avez subi des dommages mais nous ne pouvons pas vous indemniser pour le montant que vous souhaitez», explique-t-il à un autre «client». C'est une phrase qu'il répétera à plusieurs reprises au cours de sa journée.

Le bénéficiaire doit ensuite imbiber pouce d'encre pour «signer» un formulaire et se diriger vers le policier militaire chargé de distribuer l'argent. L'un d'entre eux semble satisfait, même s'il proteste un peu contre le montant reçu.

«On peut dire que je suis content d'avoir de l'argent, même si ce n'est pas beaucoup», a commenté celui qui estime avoir reçu 20 pour cent de ce qu'il avait payé.

Les réclamants doivent présenter une preuve pour soutenir leur demande, par ailleurs, une photo ou encore une lettre des aînés du village. «C'est basé en grande partie sur la bonne foi», admet M.McCarthy.

Les paiements sont généralement de l'ordre de quelques centaines à quelques milliers de dollars. Par exemple, ceux qui ont subi des dommages à leurs récoltes reçoivent de 1800$ à 2000$. Au-delà de ce montant, le sous-ministre à Ottawa doit approuver la demande de réclamation. Les blessures corporelles sont quant à elles dédommagées pour des montants allant jusqu'à trois fois cette somme.

Les demandes sont refusées lorsque les Forces canadiennes ne sont pas impliquées ou lorsque ce sont les insurgées qui sont responsables des dommages.