Les Canadiens estiment que les généraux des Forces armées canadiennes sont les plus crédibles dans la controverse qui entoure le transfert de détenus afghans par des soldats canadiens et vraisemblablement torturés par les forces de sécurité afghanes.

Un sondage Nanos réalisé pour le compte de La Presse révèle aussi que plus de la moitié des Canadiens n'ont pas entendu parler de cette affaire, qui fait pourtant les manchettes depuis des semaines et qui met le gouvernement Harper sur la défensive.

En effet, seulement 48,8% des personnes interrogées affirment avoir entendu parler de la question, comparativement à 51,2% qui disent ne pas en avoir eu vent.

Parmi les Canadiens qui en ont entendu parler, 42,3% jugent que la version des commandants des Forces armées est la plus crédible.

Devant un comité parlementaire, l'ancien grand patron des Forces armées, le général à la retraite Rick Hillier, a affirmé n'avoir jamais reçu de preuves crédibles que des détenus afghans avaient été torturés par les autorités locales après avoir été capturés et transférés par les militaires canadiens.

Cette version est essentiellement la même que celle du gouvernement Harper. Pourtant, seulement 18,6% des répondants jugent tout à fait crédibles les propos du premier ministre Stephen Harper et ceux de son ministre de la Défense, Peter MacKay.

Ces derniers soutiennent aussi que le gouvernement canadien n'a jamais été saisi de preuves crédibles selon lesquelles des détenus afghans avaient été victimes de torture. En tout, 43,3% accordent une faible crédibilité à ces explications.

Les Canadiens jugent tout aussi sévèrement le Parti libéral, le NPD et le Bloc québécois, qui soutiennent au contraire que le gouvernement Harper était au courant de ces abus et qu'il a choisi de fermer les yeux. Ils récoltent essentiellement le même score que les membres du gouvernement conservateur (17,8% pour le Parti libéral; 19,1% pour le NPD et 14,3% pour le Bloc québécois), signe indéniable que les Canadiens sont toujours fort désabusés envers les hommes et les femmes politiques.

Au bout du compte, il y a autant de Canadiens qui croient que le gouvernement Harper a remis des détenus aux forces de sécurité afghanes en sachant qu'ils seraient peut-être torturés (37,8%) qu'il y en a qui croient le contraire (36,3%). Environ le quart des Canadiens (25,9%) disent être incertains.

Plus dubitatifs au Québec

Au Québec, toutefois, les répondants qui croient que le gouvernement Harper savait que des détenus risquaient la torture sont plus nombreux (43,4% comparativement à 35,6% qui croient le contraire).

Selon Nik Nanos, président de la firme Nanos, ces résultats démontrent qu'aucun des quatre partis à la Chambre des communes n'a réussi à tirer profit de cette controverse.

«Le seul hic pour les conservateurs, c'est que les Québécois sont plus portés à croire les partis de l'opposition que le gouvernement dans cette histoire. Mais dans l'ensemble, la confusion qui persiste dans ce dossier démontre que cela ne l'a pas rendu vulnérable aux yeux des électeurs jusqu'ici», a dit M. Nanos.

Le sondage a été réalisé auprès de 1003 Canadiens du 10 au 13 décembre. La marge d'erreur est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.