La Croix-Rouge internationale avait prévenu les autorités canadiennes à Kandahar de risques de torture dans les prisons afghanes, un an avant que le Canada ne cesse de remettre des prisonniers aux autorités locales, a appris La Presse Canadienne.

Dans des notes de service non censurées que La Presse Canadienne a pu consulter, on apprend que des représentants de la Croix-Rouge internationale avaient rencontré à deux reprises des responsables canadiens dès 2006 pour les prévenir de la situation.

En vertu des conventions internationales, la Croix-Rouge ne peut utiliser le terme «torture» ou commenter les gestes posés par un gouvernement. Mais devant la gravité et l'urgence de la situation à Kandahar, l'organisme a décidé de prévenir de vive voix des officiers et des diplomates canadiens, lit-on dans les documents.

Jusqu'ici, le gouvernement de Stephen Harper a toujours voulu isoler le diplomate Richard Colvin, qui a soutenu récemment au Parlement que les autorités canadiennes savaient que des détenus afghans remis par l'armée canadienne aux autorités locales pouvaient être plus tard torturés en prison.

Un porte-parole de la Croix-Rouge internationale, Bernard Barrett, a minimisé mercredi la portée de ces rencontres avec des représentants canadiens, précisant notamment que l'organisme ne révèle jamais d'informations confidentielles.

Les conservateurs soutiennent que seul M. Colvin a été en contact avec la Croix-Rouge en Afghanistan, et qu'il a ensuite transmis ces renseignements à Ottawa. Des hauts fonctionnaires et des officiers en poste à Ottawa ont quant à eux soutenu qu'ils n'avaient pas lu les rapports du diplomate Colvin, ou qu'ils les estimaient trop vagues pour s'en alarmer.