Les soldats canadiens en Afghanistan se préparent à un hiver fort différent, après avoir constaté des signes qui suggèrent que les talibans prévoient lancer des attaques dans les mois à venir. Ils veulent ainsi influencer le débat sur le nombre de troupes internationales dans le pays.

Au cours des dernières années, le nombre d'attaques talibanes a diminué de façon marquée en hiver en raison des difficultés logistiques liées aux déplacements, surtout dans les périlleux corridors montagneux du pays.

Il semblerait toutefois, selon certains rapports, que les insurgés chercheront à exploiter les hésitations de certains pays à soutenir la mission internationale en Afghanistan, a indiqué le commandant des troupes canadiennes, mardi.

«Nous savons que les talibans ne partiront pas cet hiver», a assuré le lieutenant-colonel Jerome Walsh, commandant du regroupement tactique de la Force opérationnelle à Kandahar.

«Ils savent que des décisions importantes sont présentement prises par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Danemark, le Canada et autres pays quant au niveau d'engagement et à leur implication future», a t-il ajouté.

Les rapports de renseignements suggèrent que les soldats canadiens seront ciblés avec persistance. La semaine dernière, deux explosions ont tué deux soldats et blessé deux autres lors d'incidents distincts.

«Il n'y a pas de doute, on peut s'attendre à devoir faire face aux mêmes incidents, en grand nombre durant l'hiver » a t-il assuré.

Les dirigeants politiques de Kandahar ont aussi remarqué que les talibans sont plus nombreux en cette période de l'année que par le passé.

Selon le chef du conseil provincial de Kandahar, Ahmed Wali Karzaï, «les commandants talibans demandent à leurs troupes de rester à Kandahar, et de ne pas aller au Pakistan», a-t-il affirmé.

Les talibans semblent enhardis par la décision prise lundi d'annuler un scrutin décisif entre le président sortant, Hamid Karzai, et son principal opposant, le docteur Abdullah Abdullah. Ce dernier s'est retiré de la course durant le week-end.

Dans un communiqué publié mardi, les insurgés ont pris le crédit de cette fin de campagne abrupte. Elle est notamment due, selon eux, à leur campagne d'intimidation, notamment une attaque contre une maison d'hôtes de l'ONU à Kaboul qui a fait huit morts.

L'acclamation de Hamid Karzaï en tant que président a été rapidement bien accueilli par la Maison-Blanche, qui était en attente d'un règlement concernant le fiasco des élections, pour prendre une décision quant au nombre de troupes supplémentaires à envoyer en Afghanistan.

En tentant de maintenir le niveau de violence élevé durant la saison de combat traditionnelle, les talibans entendent mettre à l'épreuve la détermination américaine à poursuivre leur engagement dans la lutte contre l'insurrection.

Octobre a été le mois le plus sanglant pour les forces américaines en Afghanistan depuis l'invasion de 2001.