Un ancien conseiller culturel qui était en poste à Kandahar affirme que des Afghans innocents pourraient avoir été identifiés par erreur comme étant des insurgés talibans et envoyés en prison en raison d'erreurs commises par des interprètes militaires canadiens.

Les commandants et les troupes au sol sont souvent à la merci de leurs interprètes, qui leur fournissent des traductions orales et écrites des deux langues officielles de l'Afghanistan, le dari et le pashto.

Malgarai, un afghano-canadien qui a passé 13 mois avec l'armée, a indiqué avoir été personnellement témoin d'au moins deux incidents au cours desquels des personnes innocentes ont été condamnées parce que l'interprète avait parlé la mauvaise langue - ou ne pouvait entièrement comprendre ce qui avait été dit.

Dans les deux cas, il est intervenu pour empêcher que les prisonniers soient confiés à la Direction nationale de la sécurité (DNS), le service de renseignement afghan, accusé d'avoir recours à la torture.

Malgarai a demandé à n'être identifié que par son prénom afin de protéger sa famille.

«Les militaires canadiens prennent toutes les précautions pour éviter les erreurs, mais le problème ne vient pas des militaires. Il vient de l'embauche au ministère parce qu'ils envoient des gens qui ne sont pas qualifiés», a dit Malgarai, qui a servi sous les ordres du brigadier-général Guy LaRoche, en 2007 et 2008.

Alors qu'il était outre-mer, il alerté des officiers au quartier général canadien, en particulier au sujet de la traduction de documents confidentiels. Il a cependant été accueilli par des haussements d'épaules et la suggestion voulant que la question était du ressort de la «chaîne de commandement».

Une fois retour à la maison à la suite de son séjour en Afghanistan, il a écrit une note de 15 pages à l'intention du ministère de la Défense nationale. Il affirme cependant que ses préoccupations ont été ignorées.

«C'est la raison pour laquelle je vous parle, à titre de citoyen canadien. Je ne veux pas voir cette grande nation subir un procès pour crimes contre l'humanité», a-t-il déclaré lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne.

Des dirigeants communautaires afghans, interviewés par La Presse Canadienne à Kandahar, ont appuyé les propos de Malgarai et affirmé que les problèmes de traduction constituaient l'une des grandes sources d'irritation lors de leurs contacts avec les Canadiens et les Américains.