La nouvelle stratégie anti-insurrectionnelle canadienne en Afghanistan sera mise à l'épreuve à la suite de la mort d'un sapeur canadien, près d'un des villages-modèles.

Steven Marshall, du 1er Combat Engineer Regiment, basé à Edmonton, a été tué par l'explosion d'une mine qui a éclaté au passage de sa patrouille, dans le district de Panjwaii, à 10 kilomètres au sud-ouest de Kandahar. Personne d'autres n'a été blessé.

Agé de 24 ans, Steven Marshall est devenu le 133e militaire à être tué en Afghanistan, le deuxième depuis le début de la semaine. Mercredi, le lieutenant Justin Boyes, âgé de 26 ans, du Patricia's Canadian Light Infantry, avait aussi péri à la suite de l'explosion d'un engin, 10 jours après son arrivée en Afghanistan.

«Au moment de sa mort, Steven travaillait à rendre sûr le district de Panjwaii afin de procurer un environnement plus stable à la population afghane vivant là-bas», a déclaré le brigadier-général Jonathan Vance.

L'explosion a été entendue jusqu'à Belanday, un village situé à plus d'un kilomètre de là. Une fusillade d'armes portatives a ensuite éclaté. Des rapports contradictoires font état de coups de feu tirés en direction de la base installée dans ce village.

Des hélicoptères d'attaque et de l'infanterie ont été dépêchées sur les lieux tandis que le soldat était transporté vers l'hôpital militaire situé à la base aérienne de Kandahar.

Belanday est un des cinq villages du district de Dand où l'armée canadienne tente d'implanter une nouvelle stratégie anti-insurrectionnelle. Les militaires espèrent l'étendre encore plus à l'ouest mais ils rencontrent une forte opposition des talibans.

Les troupes canadiennes ont assuré une présence permanente autour de Belanday depuis juillet. Elles se sont installées dans une école après avoir fait retraiter les rebelles de ce secteur. Leur mission originale était d'assurer une zone de protection pour le premier village modèle de Deh-e-Bagh mais le Royal 22e Régiment avait préféré garder une escouade à Belanday afin de contrôler la police afghane et d'empêcher le retour des rebelles.

Selon le commandant de la compagnie, le caporal Jean Vachon, les militaires ont réussi à gagner la confiance des habitants locaux au point que les soldats peuvent marcher main dans la main avec des enfants et ils ont reçu des renseignements au sujet de l'emplacement d'engins explosifs. «Quand nous sommes arrivés dans un village fantôme, personne ne voulait nous parler. Ils avaient peur», a-t-il raconté à La Presse Canadienne, quelques heures avant la mort de Steven Marshall. «Mais peu après, les rues du village se sont remplies; même les femmes ont pu y marcher à visage découvert.»

La mort du sapeur peut menacer les progrès réalisés par le Royal 22e. «Cela signifie qu'il a encore des rebelles vivant parmi la population. Nous avons encore du travail à accomplir, a reconnu le lieutenant Jérémie Verville, qui avait commandé un peloton basé à Belandey au cours des trois derniers mois.

D'autres membres du Royal 22e ont indiqué que les nouveaux arrivants pourraient avoir tendance à considérer la population de façon soupçonneuse et hostile en réaction aux deux soldats morts, mettant ainsi à rude épreuve la confiance qu'ils ont mis des mois à établir.