Qu'on se le tienne pour dit: les combats se multiplieront dans le sud de l'Afghanistan prochainement, là où est concentré le corps expéditionnaire canadien.

Grand bénéficiaire des renforts américains annoncés en début d'année, le commandement de la Région Sud entend se livrer à une démonstration de force dans cette zone chèrement contestée par les insurgés talibans.Les Canadiens ne seront pas «remplacés», mais plutôt «renforcés», a tenu à indiquer, dimanche, le major général Mart De Kruif, commandant de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) dans la Région Sud.

«Nous nous rendrons à des endroits où nous sommes jamais allés auparavant, a assuré, dimanche, le major général, dans une conférence de presse sur une base située près de la ville de Kandahar. Il y aura une augmentation des incidents.»

Les 17 000 soldats américains supplémentaires permettront d'«accentuer de façon beaucoup plus considérable la pression» sur l'ennemi, qui sera «pourchassé jusque dans ses repaires», selon les dires du haut gradé.

«Ils (les insurgés) en arracheront», a-t-il laissé entendre sur un ton ferme et catégorique qui a caractérisé l'ensemble de la rencontre avec les médias.

Selon lui, le nouvel afflux de troupes jugulera «la menace des bombes artisanales», l'arme la plus efficace des talibans contre la coalition, dissuasive et destructrice, qui démontre au grand jour la difficulté de contrôler le sud du territoire afghan. Actuellement, les coalisés tiennent des villes et des bastions, mais sont trop dispersés pour garantir la sécurité sur l'ensemble de cette zone frontalière avec le Pakistan.

Or, le major général De Kruif soutient maintenant que les talibans ne pourront plus terroriser «la population locale».

En entrevue peu après la conférence de presse, il a précisé que les forces coalisées pourront désormais «tenir les positions», au lieu de faire des incursions et de se retirer par la suite, faute de troupes suffisantes pour couvrir le théâtre d'opérations, ce qu'ont déjà déploré des militaires canadiens.

Ainsi, les Américains combleront les vides que les effectifs canadiens ne pouvaient efficacement occuper. «Cela s'avère être davantage un renforcement de ce que les Canadiens font, plutôt qu'un remplacement», a-t-il précisé dans une entrevue à La Presse Canadienne, en ajoutant que l'armée américaine reprendra peut-être aussi un ou deux districts actuellement sous responsabilité canadienne.

«L'an prochain, vous verrez une nette amélioration de la sécurité», a-t-il insisté auprès des médias afghans présents à la conférence de presse.

Cette campagne de pacification consolidera le gouvernement afghan, de même que les efforts de reconstruction et de développement, ainsi que la formation et le mentorat des forces de sécurité afghanes, a-t-il poursuivi.

Pour lui, la grande opération de renforcement n'est pas un aveu d'échec de trois ans d'efforts. «Il y a trois ans, le concept que nous avons élaboré était tout à fait approprié, mais nous ne pouvions couvrir que 60 pour cent des régions où les gens vivent. Mais au lieu de s'attaquer à la FIAS, les insurgés ont commencé à s'en prendre à la population. Cela veut dire qu'il faut maintenant être présent 24 heures sur 24, sept jours sur sept.»

En 2008, le nombre de civils morts a augmenté de 40 pour cent en Afghanistan, selon Al-Jazira, ce qui laissait craindre l'éventualité d'un scénario à l'irakienne.

Le commandement de la Région Sud a ventilé en détail l'arrivée des renforts américains tant attendus. La 82e Brigade aérienne de combat, avec ses 3000 soldats et sa centaine d'hélicoptères, sera établie bientôt à la base aérienne de Kandahar, qui est la place-forte de la coalition en Afghanistan.

La 2e Brigade expéditionnaire des Marines (MEB), composée de 8000 hommes, sera déployée principalement au centre et au nord de la province d'Helmand, à la fin du printemps.

Enfin, la 5e Equipe de combat de la Brigade Stryker, dont les 4000 soldats arriveront au milieu de l'été, ira dans la province de Zaboul, ainsi qu'au nord et au sud de la province de Kandahar.