Ce que la guerre a perturbé, l'armée l'a rétabli. Les forces canadiennes viennent de compléter la réfection du réseau d'irrigation qui arrose la vallée de la rivière Arghandab, dans la province de Kandahar.

Conçu dans les années 1950, ce système de canaux géré de façon complexe à bras d'homme, avait été sectionné en deux par une route construite durant l'opération Medusa, une offensive menée par l'armée canadienne avec les forces de l'OTAN et des unités afghanes, en 2006.Créée l'année dernière par les forces canadiennes, l'Organisation de la gestion de la construction (OGC) a donc entrepris, il y a cinq mois, de rénover tous ces canaux essentiels à l'agriculture dans cette vallée aride.

«Nous avons fait des travaux de réparation au système de distribution d'eau de la région de Pashmoul, donc les fermiers pourront en bénéficier pour arroser leurs terres», a expliqué tout récemment le major Maurice Arsenault, commandant de l'OGC, au siège de son équipe, sur la base aérienne de Kandahar.

Les travaux ont été effectués au pic et à la pelle, plutôt qu'avec de la machinerie, afin de donner du travail à la main-d'oeuvre locale. Ce faisant, environ 175 salariés afghans pouvaient gagner leur pitance sans avoir à joindre les rangs des insurgés, a-t-il indiqué.

«L'approche est complètement différente de la plupart des autres projets de construction», a précisé le major Arsenault, originaire de la Baie des Chaleurs, en Gaspésie, mais rattaché au génie de l'armée canadienne, à Moncton.

«C'est du personnel qui a été pris principalement dans la région, mais aussi des gens qui venaient de l'extérieur. On les a formés dans des équipes qui, au début, avaient assez peu de structure, et on les a amenées à avoir une structure de commandement et de contrôle qui leur a permis de prendre en charge le projet.»

Tout récemment, une cérémonie d'inauguration a eu lieu dans la vallée, au terme des travaux, en présence des travailleurs affectés au projet. La pelletée de terre officielle a alors permis de retirer le dernier talus de rétention de l'eau, qui s'est mise à inonder les sections réhabilitées. Encaissée par des montagnes désertiques de part et d'autres, la vallée est quadrillée de champs verdoyants, en cette période de l'année, comme on peut le voir depuis l'avant-poste de l'armée canadienne de Mas'um Ghar.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne, le chef de la région d'Arghandab, Kalimullah Nakibi, a confirmé que ce type de projet permet de détourner les gens de l'envie de joindre les talibans.

«Ce projet est important, parce qu'il a fait travailler beaucoup de monde, a fait vivre des familles et les a empêchées de se livrer à des activités subversives», a confié, au cours d'une conversation téléphonique, le leader, qui est aussi chef de la tribu Alkozei.

Il a rappelé que l'Arghandab est une «très bonne région d'irrigation», mais que le réseau ne suffit pas à alimenter tout le district, en dépit des pluies abondantes des derniers jours, qui ne couvriront les besoins que pour deux mois.

Il espère que d'autres projets relatifs à la distribution d'eau seront entrepris dans sa région et a tenu à remercier les Canadiens.

Un autre projet de transfert de connaissance de l'OGC est actuellement en cours: la construction de la route Foster, au sud de Mas'um Ghar.