Le capitaine Robert Semrau, accusé du meurtre non prémédité d'un combattant taliban, reçoit beaucoup d'appuis de la population canadienne.

C'est par centaines que des Canadiens, dont de nombreux Québécois, ont adhéré depuis quelques jours au groupe Support the Freedom of Capt. Robert Semrau mis sur pied sur Facebook peu après l'annonce faite par les Forces de son arrestation.

Les appuis sont diversifiés: francophones, anglophones, parents, amis, couples, militaires. D'aucuns saluent la gentillesse et la grandeur d'âme de cet officier originaire de la Saskatchewan. D'autres questionnent les raisons de son arrestation ou estiment que la façon de faire enlève du lustre à la raison d'être d'une mission qu'ils appuient.

«Rob est mon beau-frère et je n'ai jamais connu personne plus gentille et attentionnée. Il est un héros et ne mérite pas ce qui lui arrive», dit par exemple Angela La Pierre, d'Halifax.

Plusieurs autres commentateurs restent neutres, mais assurent le capitaine Semrau et sa famille de leurs encouragements et prières.

Hier, vers 11h, le groupe comptait 2190 membres. À 14h30, ce nombre était passé à 2337. À 16h30, ils étaient 2449!

Tout ce mouvement réconforte la famille. «Nous sommes très touchés», assure Sean Semrau, mère du militaire jointe par La Presse à sa résidence de Camrose, au sud-est d'Edmonton. Celle-ci n'a cependant pas voulu faire d'autres commentaires.

Membre de l'Équipe de liaison et de mentorat opérationnel, chargé de former les soldats de l'armée afghane, le capitaine Semrau a été arrêté le 31 décembre et accusé d'avoir tiré, avec l'intention de le tuer, sur un homme désarmé. Selon le Service national des enquêtes des Forces canadiennes (SNEFC), les événements se seraient produits autour du 19 octobre 2008 dans la province d'Helmand. La victime serait un rebelle afghan.

Très sérieux

Ancien militaire et maintenant éditeur de la revue Esprit de Corps consacrée aux activités de l'armée canadienne, Scott Taylor met des bémols à cet élan de solidarité.

«Il doit s'être passé quelque chose de très significatif pour que des accusations soient portées aussi rapidement, dit-il. Personne ne donne autant le bénéfice du doute que la police militaire. Il y a quelques mois, les soldats canadiens ont tué deux civils désarmés dans une voiture qui venait vers eux. Une autre fois, ils ont tué un enfant à côté de sa bicyclette. Dans les deux cas, les enquêtes ont conclu que les militaires avaient agi en respectant les règles d'engagement.»

Ancien militaire lui aussi et professeur de leadership au Collège des Forces canadiennes de Toronto, Alan Okros s'interroge sur la façon dont cette affaire sera traitée dans les médias et les blogues.

Déjà, observe-t-il, on fait des rapprochements avec ce qui s'est passé (meurtre, tortures, racisme pratiqué par une poignée de militaires) en Somalie dans les années 1990. La raison: la période de deux mois entre le moment où sont survenus les événements actuels et les accusations.

«Je ne sais pas si on réalise toute la complexité d'une telle affaire, dit-il. On ne parle pas d'une enquête pour un meurtre chez le voisin, mais d'un travail à faire à l'étranger, en présence d'une force multinationale. Dans les circonstances, jusqu'où peut-on et doit-on donner de l'information? C'est tout un dilemme.»

Le capitaine Semrau doit être ramené bientôt au Canada, où il fera vraisemblablement face à une cour martiale.