Estimant que le gouvernement afghan est incapable d'endiguer la remontée de l'influence talibane dans la population, les 16 grandes agences américaines d'espionnage concluent que l'Afghanistan est engagé dans une «spirale descendante».

C'est ce qui ressort du brouillon d'un document de travail faisant une évaluation complète de la situation dans ce pays et dont plusieurs conclusions ont été partagées avec le quotidien The New York Times. La version officielle de ce document, commandé par la Maison-Blanche il y a plusieurs mois et appelé National Intelligence Estimate, sera terminée après l'élection présidentielle du 4 novembre.

 

Le portrait très sombre qu'on y fait de l'avenir en Afghanistan s'ajoute à une déclaration controversée faite la semaine passée par l'officier anglais du plus haut rang déployé dans ce pays. Le brigadier-général Mark Carleton-Smith aurait alors déclaré à un collègue français: «Nous n'allons pas gagner cette guerre.» C'est ce que rapportait l'hebdomadaire français Le Canard enchaîné. Les autorités politiques françaises et britanniques ont réfuté les allégations du journal.

L'article du Times se fonde sur le National Intelligence Estimate, un document officiel dont le contenu reflète l'opinion partagée des 16 grandes agences américaines d'espionnage sur un sujet donné. Pour rédiger son article, paru à la une, l'influent quotidien américain a interviewé une demi-douzaine de représentants de l'administration Bush qui en ont lu les conclusions.

Leur constat est alarmant. Le rapport parle d'une cassure dans l'administration afghane, accélérée par la corruption au sein du gouvernement Karzaï et par la résurgence des actes de violence orchestrés par les insurgés depuis le Pakistan.

Le rapport évoque également les effets ravageurs de la culture de l'héroïne qui pourrait représenter jusqu'à 50% de l'économie du pays.

Récemment, l'administration Bush s'est lancée dans une réévaluation complète de sa présence en Afghanistan. Le nombre de soldats déployés y a été augmenté. Cette révision reposerait entre autres sur les premières découvertes et conclusions faites durant l'élaboration du document.

Les deux candidats à la présidence américaine divergent d'opinions quant à la politique à suivre en Afghanistan. Le démocrate Barack Obama propose d'y accroître les troupes. Le républicain John McCain souhaite plutôt terminer le travail en Irak. Il affirme que l'augmentation du nombre de soldats déployés, une décision remontant à 2006, a des effets positifs sur cette mission.

Environ 70 000 soldats provenant de plus de 30 pays, dont 2500 Canadiens, sont actuellement déployés en Afghanistan, que ce soit dans des missions de combats, de patrouilles, de reconstruction ou de formation de l'Armée nationale afghane. Près d'un millier de soldats de toutes les nations, dont 97 Canadiens, y ont laissé leur vie depuis le début de l'invasion américaine, en octobre 2001.