Une centaine de personnes, fonctionnaires, jeunes et simples passants se sont spontanément rassemblés sur la colline parlementaire, hier, sur le coup de midi, pour rendre un ultime hommage au chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton.

Le soleil brillait, mais le drapeau canadien en berne au sommet de la Tour de la paix rappelait que l'heure n'était pas à la réjouissance. « Jack Layton a été l'un des plus grands Canadiens que le pays aura connu, il a été un politicien noble », a affirmé Martin Couto, à deux pas de la flamme du centenaire où des dizaines de bouquets de fleurs avaient été déposées. « Il a été un grand Canadien qui a su inspirer et incarner l'espoir en politique fédérale », a pour sa part ajouté Pascal Justin Boyer.

Les témoignages comme ceux de ces deux jeunes hommes se sont multipliés toute la journée, hier, dans la capitale fédérale et partout au pays. En soirée, une veillée aux chandelles a aussi été tenue devant la flamme du centenaire.

La gorge nouée par l'émotion, la députée néo-démocrate de Gatineau, Françoise Boivin, était encore sous le choc lorsque jointe par LeDroit en début de matinée. « Jack Layton et "décès" ne vont pas dans la même phrase, a-t-elle lancé. Ça coupe les deux jambes. Je voulais croire qu'il allait revenir. Il était notre coeur et le poumon de tout nous autres. Il est difficile de s'imaginer une réunion de caucus sans Jack Layton. Il était un rassembleur, un gars très humain. Pour moi il était un mentor, un ami et un confident. Il va vraiment me manquer. Il a bâti quelque chose d'extraordinaire et nous ne devrons pas le décevoir. »

Ancien candidat néo-démocrate dans Hull-Aylmer et ex-conseiller pour le Québec de M. Layton, Pierre Ducasse a avoué qu'il ne s'attendait pas à avoir « de si mauvaises nouvelles, aussi rapidement ».

La dernière fois que les deux hommes se sont croisés c'était lors du congrès du NPD à Vancouver en juin dernier. « Il avait l'air bien et tout montrait qu'il était en rémission de son cancer de la prostate, raconte M. Ducasse. Ça m'a beaucoup attristé de le revoir ensuite faible et amaigri lors de sa dernière apparition à la télévision à la fin du mois de juillet. »

M. Ducasse est l'un de ceux qui a contribué à jeter la base de ce qui allait devenir « la grande victoire » du 2 mai dernier. Il a été de 2005 à 2009, un des conseillers du chef néo-démocrate pour le Québec. « Ça m'attriste beaucoup qu'il ne puisse pas cueillir le fruit du travail qu'il a accompli au cours des dernières années, dit-il. J'aurais bien aimé le voir face à face avec Stephen Harper pendant les prochaines années. »

En chambre, le député conservateur d'Ottawa-Orléans, Royal Galipeau, était un adversaire de M. Layton. Mais en dehors de la joute politique, les deux hommes se rencontraient régulièrement au gymnase. « Ce matin, je me sentais bien seul au gymnase », a lancé M. Galipeau, visiblement sidéré par la triste nouvelle du décès du chef néo-démocrate. « Jack Layton représentait les intérêts de ses électeurs avec passion, mais il lui arrivait régulièrement de travailler sans partisanerie et de manière très privée, comme ce fut le cas pour les excuses du gouvernement aux anciens élèves des pensionnats indiens en 2008. »

M. Galipeau explique que M. Layton, pendant plus d'un an, s'est entretenu à de nombreuses reprises avec le premier ministre Harper pour le convaincre de la nécessité de faire ces excuses officielles. « Il l'a fait en toute discrétion et il a eu un grand rôle à jouer dans ce dossier », rappelle M. Galipeau.