L'éventuelle course à la chefferie à laquelle devra se soumettre le Nouveau Parti démocratique (NPD) risque de créer bien des divisions au sein de la formation menée jusqu'à hier par Jack Layton, estime Robert Asselin, professeur à l'École d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa.

Pour l'instant, les néo-démocrates, comme bien des Canadiens, sont encore en état de choc et devront vivre le deuil de leur chef charismatique et grand responsable de la percée historique du NPD au Québec le 2 mai dernier. Toutefois, la politique fédérale, elle, ne prend pas de pause.

Jack Layton le savait bien. C'est pourquoi dans sa dernière lettre il a pris le soin de recommander à son parti de tenir une course à la direction du parti le plus rapidement possible. « Je recommande au parti de tenir un vote quant au leadership du parti le plus tôt possible dans la nouvelle année, en s'inspirant de l'échéancier de 2003, afin que notre nouveau ou nouvelle chef ait amplement le temps de reconsolider notre équipe, de renouveler notre parti et notre programme, et puisse aller de l'avant et se préparer pour la prochaine élection », a écrit M. Layton quelques jours avant son décès.

Selon M. Asselin, le poids du Québec dans le caucus néo-démocrate pourrait devenir un avantage indéniable pour un Québécois intéressé à succéder à M. Layton à la tête du parti. « Il sera intéressant de voir si les membres du NPD vont estimer que stratégiquement ça prend un Québécois à la tête du parti ou bien s'ils vont plutôt pencher vers quelqu'un qui incarne les valeurs et l'histoire naturelle de cette formation politique », note-t-il.

Dans un cas comme dans l'autre, cela va inévitablement créer quelques divisions au NPD, affirme M. Asselin. « Jack Layton faisait le pont entre la députation du Québec et celle du reste du pays, explique l'universitaire. Il n'y a pas beaucoup de Torontois qui ont autant été appréciés au Québec dans l'histoire politique canadienne. Une course à la chefferie opposant un candidat du Québec à un candidat canadien anglais pourrait mener à un danger de déchirement au sein du NPD. Habituellement, les courses à la chefferie provoquent toujours des clans dans les partis. Ça oblige les différentes factions à exposer leur idéologie. Nous n'avons qu'à nous rappeler les guerres entre John Turner et Pierre Elliott Trudeau sur la place du Québec dans le Canada. »

Le NPD devra tout de même se doter d'un nouveau chef rapidement. « Avec la mort de Jack Layton, l'opposition officielle vient de perdre son principal atout, dit-il. Stephen Harper, sans vouloir lui prêter de mauvaises intentions, a toujours été assez bon pour profiter de toute situation politique. »