L'eau de la rivière Richelieu a atteint des niveaux supérieurs à ses maximums historiques depuis le début du mois, et ne semble pas sur le point de baisser, semant l'émoi dans la population. Des maires des municipalités riveraines s'inquiètent de voir les niveaux d'eau si élevés à l'approche de l'hiver, et craignent de revivre les inondations qui ont touché la région au printemps dernier.

«L'eau est au moins trois pieds plus haute qu'à pareille date l'an dernier. Elle n'a jamais été si haute à l'automne. Tout le monde est inquiet», dit le maire de Venise-en-Québec, Jacques Landry.

Après avoir atteint des sommets historiques le printemps dernier et inondé 3000 résidences de la vallée du Richelieu, les eaux de la rivière étaient revenues à des hauteurs normales durant l'été. Mais la tempête Irene à la fin du mois d'août a fait hausser subitement le niveau de l'eau. «Le lac Champlain a reçu deux fois plus de précipitations qu'à l'habitude au cours des 30 derniers jours. Et on sait que l'eau de ce lac se déverse dans la rivière Richelieu», explique le chef de la division hydrologie au Centre d'expertise hydrique du Québec, Richard Turcotte.

Sommet historique

Le niveau moyen de la rivière Richelieu à Saint-Jean-sur-Richelieu à ce temps-ci de l'année se situe à 28,7 mètres. Le sommet historique était jusqu'à maintenant de 28,9 mètres. Hier, le niveau était évalué à 29,5 mètres.

Les écarts sur le lac Champlain sont aussi très importants, selon les estimations du maire Landry.

«Il y a vraiment beaucoup d'eau. Ça ne s'écoule pas. S'il neige comme l'an passé cet hiver, ça va aller mal», prévoit M. Landry.

À Sainte-Anne-de-Sabrevois, Lenny Duteau, dont la maison a été fortement endommagée par les inondations du printemps dernier, dit s'inquiéter de la hauteur de la rivière. «On espère que ça va diminuer. Parce que sinon, on ne sait pas ce qui va arriver au printemps», dit-il.

Impact de l'hiver

Sa voisine Micheline Rivard est quant à elle plus calme. «Ça arrive que l'eau soit haute à l'automne. Ça baisse souvent l'hiver. On n'aura pas autant de neige que l'an passé et ça va bien aller», dit-elle.

M. Turcotte affirme que selon les prévisions américaines, les niveaux d'eau baisseront au cours des prochaines semaines et qu'il est peu probable qu'une crue survienne rapidement.

M. Turcotte assure aussi que les hauts niveaux actuels de la rivière Richelieu et du lac Champlain n'auront que très peu d'incidence sur ce qui se passera le printemps prochain. «D'ici au printemps, il y a assez de temps pour que le système se régule et que l'eau baisse. Si on a encore des inondations l'an prochain, ce sera pour les mêmes raisons que cette année: des neiges abondantes l'hiver, de fortes pluies et une fonte rapide», note M. Turcotte.

Certains maires des villes riveraines de la rivière Richelieu et du lac Champlain sont toutefois si inquiets qu'ils ont discuté de la problématique, mardi, lors de la rencontre de la MRC.

«On va aussi en discuter à la rencontre de l'Union des municipalités. On veut des solutions. On veut prendre des mesures de prévention pour essayer d'éviter le pire le printemps prochain», dit M. Landry.