Le 22 juin dernier, nous vous avons présenté la famille Trudeau-Dulude, de Noyan, dont la maison a été très endommagée par les inondations. La famille n'a toujours pas réintégré son domicile. Voici la suite de son histoire, que nous continuerons de suivre au fil des mois afin de témoigner des nombreuses difficultés auxquelles font face les sinistrés de la Montérégie.

Depuis le 15 juin, Sylvia Dulude son mari, François Trudeau, et leurs trois enfants de 17, 15 et 7 ans vivent dans une roulotte, sur un terrain de camping. Fatiguée, la famille n'en peut plus d'attendre que le gouvernement lui dise enfin si sa maison, fortement endommagée par les inondations, pourra ou non être reconstruite.

«Il fait chaud. On n'a pas beaucoup de place. Pas d'intimité. On les aime, nos enfants, mais la promiscuité, c'est dur! Surtout avec deux ados!», soupire Mme Dulude.

Alessandra, 17 ans, trouve elle aussi le temps long. «Pour que l'harmonie règne, je m'en vais tout le temps. Je suis toujours chez mes amis. Je n'aime pas être enfermée ici. J'ai hâte de retourner chez nous», dit-elle, assise sur le sofa qui lui sert de lit.

La maison des Trudeau-Dulude est pour l'instant inhabitable. Le sous-sol, où se trouvaient les chambres des enfants, était si abîmé que M. Trudeau a dû le dégarnir entièrement. «J'ai dû mettre mon emploi de côté et me mettre au chômage pour pouvoir faire tout ça. Je devais me dépêcher, sinon la moisissure aurait tout envahi!»

Il y a encore beaucoup de travail à accomplir. Le béton d'une partie du plancher du sous-sol doit être enlevé, car il est contaminé. M. Trudeau le défait peu à peu avec un marteau-piqueur, mais il craint de fragiliser l'ensemble de la maison. «Les murs porteurs reposent sur ce béton», dit-il.

M. Trudeau reçoit un peu d'aide de ses enfants et de quelques amis. Mais sa femme ne peut l'aider: elle est en arrêt de travail, car elle s'est coupé la main avec une scie à l'usine où elle travaillait. Depuis l'accident, elle ne peut entendre une scie sans paniquer. «Quand ils détruisent le sous-sol et utilisent des scies, je dois sortir et me cacher. Sinon, je panique», explique Mme Dulude, un sanglot dans la voix.

M. Trudeau ne veut pas commencer à rénover le sous-sol. «Tant que je ne sais pas combien je vais recevoir en aide financière du gouvernement, je ne peux rien commencer. Je ne pourrai pas tout payer», dit-il.

Comme les Trudeau-Dulude, 78 familles de la Montérégie vivent encore dans des campings ou à l'hôtel parce que leur maison est inhabitable. Toutes attendent une réponse du gouvernement.

Le député de Huntingdon, Stéphane Billette, a affirmé hier que les 1700 maisons inondées qui devaient être inspectées ont reçu la visite des évaluateurs. Les rapports sont maintenant en préparation. «On fait aussi vite que possible», a-t-il dit. Le maire de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, Gérard Dutil, souligne que l'attente est très longue et stressante pour les sinistrés.

«Ça ne finit plus, confirme Mme Dulude. Je suis brûlée. J'espère juste que le processus va s'accélérer et qu'on va enfin savoir ce qui va arriver. J'ai juste hâte de retourner dans mes affaires.»