L'eau a complètement disparu de la plupart des rues dans les villes riveraines de la rivière Richelieu. Mais pour les sinistrés, les problèmes sont loin d'être terminés. Il faudra attendre encore plusieurs semaines avant de savoir à combien s'élèveront les subventions que versera Québec pour la reconstruction.

Depuis quelques jours, les experts en sinistres du gouvernement visitent les maisons endommagées pour déterminer l'ampleur des dégâts. Ils feront rapport à Québec, où un comité décidera à combien chaque sinistré aura droit. Jusqu'à maintenant, 800 des 2000 maisons inondées ont été visitées, selon le coordonnateur gouvernemental de l'Organisation de la sécurité civile, Guy Laroche.

En attendant le verdict, les sinistrés démolissent les pièces inondées. Rue Beaubien, à Saint-Jean-sur-Richelieu, des conteneurs sont pleins à craquer. Des débris traînent sur les terrains aux côtés de canoës maintenant inutiles.

Keith Fuller, qui habite rue Verdi, explique qu'il lui est financièrement impossible de commencer la reconstruction sans savoir combien Québec lui versera. «Si le gouvernement ne paie pas tout, je devrai débourser. Mais je ne peux pas tout me permettre. J'attends.»

M. Fuller a déjà entièrement dégarni son sous-sol. «Il y avait de la moisissure partout. Mon plus jeune fils est asthmatique et commençait à être malade. J'ai tout enlevé.»

Aujourd'hui, il ne reste que le sol et les quatre murs de béton. M. Fuller croit qu'il s'écoulera plusieurs semaines avant qu'il ait une réponse du gouvernement et qu'il puisse réaménager son sous-sol. En attendant, sa famille de cinq vit entassée au rez-de-chaussée. «L'eau est partie, mais ce n'est pas fini», note M. Fuller.

Des réponses, S.V.P.

À quelques coins de rue de là, Yves Parenteau vit une situation semblable. Sa maison, rue Saint-Maurice, est construite si bas qu'elle est encore inondée, alors que tous ses voisins sont au sec. Les dommages sont majeurs. Le plancher est tout gondolé, les murs sont moisis presque en entier. Les fondations ont même commencé à s'effriter. «Ce sera des travaux majeurs», prévoit M. Parenteau.

L'inspecteur venu visiter sa maison il y a quelques jours lui a suggéré de commencer certains travaux. «Mais quoi? Et comment? C'est impossible d'emprunter à la banque parce que je ne sais toujours pas si je vais devoir démolir ma maison en entier. On a besoin de réponses, et vite.»

En attendant, M. Parenteau et sa femme vont tenter de louer un appartement, car leur maison est inhabitable. «Je sens que ça va être long. À Rimouski, où il y a eu des grandes marées au début de l'année, les subventions ne sont même pas encore arrivées! dit-il. Le gouvernement a dit au début des inondations qu'il allait donner 150 000$ par sinistré; je pense que c'est une vraie blague.»

Beaucoup de questions subsistent aussi autour de la nouvelle définition de «zone inondable 0-20 ans» que pourrait décréter le gouvernement. Certains sinistrés craignent d'être expropriés. Selon M. Laroche, un comité se penche actuellement sur la question et rendra ses conclusions dans quelques semaines.