Les détails des grandes corvées de nettoyage qui se tiendront les 11, 12, 18 et 19 juin prochains en Montérégie se précisent. De passage à Saint-Jean-sur-Richelieu pour une cinquième fois depuis le début des inondations, le premier ministre du Québec Jean Charest, a dévoilé samedi les détails de l'opération qui mobilisera près de 12 000 personnes. Coordonner tous ces gens représente un défi de taille, a reconnu Jean Charest.

«Notre responsabilité est d'assigner une tâche aux gens qui vont se déplacer et de les faire travailler en toute sécurité, a déclaré Jean Charest. L'idée, c'est d'éviter un embouteillage et qu'on puisse organiser les gens correctement. Tout sera mis en oeuvre pour qu'on puisse déployer ces gens sur les deux rives de la rivière Richelieu et pour que chaque bénévole sache ce qui est attendu de lui et qu'il puisse avoir l'équipement nécessaire pour travailler.»

Samedi, près de 10 000 bénévoles s'étaient inscrits auprès de SOS Richelieu. À ces milliers de personnes s'ajouteront environ 2000 membres de diverses organisations qui aideront au nettoyage, fourniront de l'équipement et assureront les premiers soins. Le Syndicat regroupé des cols bleus de Montréal, les scouts du Canada, les cadets des Forces canadiennes, la Croix-Rouge, l'Ambulance Saint-Jean et la GB Sauvetage Canada Rescue viendront ainsi prêter main-forte aux bénévoles sur le terrain. La coordination des opérations sera assurée par l'Organisation de la sécurité civile du Québec.

Invité à réagir sur le fait que les soldats n'ont pour l'instant pas le mandat de participer au nettoyage, Jean Charest a répété qu'il souhaite que les Forces canadiennes reçoivent un «mandat flexible».

Puisque l'eau ne se retirera pas partout au même rythme, un second week-end de corvée a été ajouté au premier annoncé il y a quelques semaines. Pour chacun des quatre jours, entre 1700 et 2000 bénévoles seront déployés sur les rives est et ouest de la rivière Richelieu. Des discussions se poursuivent avec les 12 municipalités qui recevront des bénévoles afin de déterminer leurs besoins. Et les besoins sont énormes, selon le coordonnateur de la sécurité civile, Guy Laroche. «Il y aura du travail pour tout le monde», a-t-il assuré.

La corvée aura lieu quels que soient les caprices de la météo et le niveau d'eau. Les bénévoles ne travailleront que dans les zones où l'eau se sera retirée, a précisé Guy Laroche. Ils pourront notamment ramasser des branches et retirer des sacs de sable. Satisfait de la réponse de la population, le porte-parole de SOS Richelieu, Michel Fecteau, a demandé aux gens inscrits de respecter leur engagement.

Le niveau baisse

Aujourd'hui, un brin d'optimiste animait les sinistrés. Après une baisse de deux à quatre centimètres selon les endroits hier, le niveau d'eau continue de diminuer aujourd'hui. Une baisse de trois à cinq centimètres est prévue d'ici la fin de la journée. Malgré la pluie et de faibles vents prévus pour demain, la Sécurité civile s'attend à ce que cette baisse graduelle se poursuive au cours des prochains jours. «On peut espérer que le pire est passé», a souligné Jean Charest, tout en restant prudent sur l'évolution de la situation.

Sur la rue Baraby à Saint-Jean-sur-Richelieu, quelques résidants encouragés par la diminution du niveau d'eau ont débuté le nettoyage de leur terrain, l'un d'eux allant même jusqu'à tondre son gazon. «Ça fait six semaines que ça dure, c'est assez!», a lancé Michel Ménard qui a commencé ce matin à retirer les sacs de sable qui entourent sa maison, avec l'aide de sa conjointe, de son fils et de Gilles Saint-Pierre, un résidant de Candiac qui cherchait des gens à aider. «Il y a beaucoup de travail à faire», a remarqué M. Ménard en regardant la couche de boue qui recouvre son gazon et ses plates-bandes. Heureux d'avoir reçu l'aide d'un bénévole aujourd'hui, il accueille favorablement la corvée de nettoyage prévue au cours des prochaines semaines. «Si c'est bien coordonné, ce sera une très bonne idée», croit-il.

Rodrigue Marquis, qui habite sur la même rue, est d'accord. Selon lui, les bénévoles pourront donner un bon coup de main. «Nous avons été laissés à nous-mêmes jusqu'à maintenant, a-t-il déploré. Tous les sacs de sable que vous voyez sur cette rue, ce sont les gens du quartier qui les ont apportés.»