Les sinistrés de la Montérégie ne sont pas au bout de leurs peines. Le niveau de la rivière Richelieu a bel et bien baissé de 20 cm depuis une semaine, mais les pluies abondantes attendues ce week-end risquent d'anéantir ces progrès. Les craintes sont si vives que les autorités municipales ont suspendu le processus du retour à domicile des sinistrés. Et la Sécurité civile demande aux occupants des 3000 maisons inondées de ne pas retirer leurs sacs de sable.

Le niveau de l'eau devrait continuer de baisser jusqu'à ce soir, selon le directeur régional de la Sécurité civile de la Montérégie, Yvan Leroux. «Mais Environnement Canada prévoit entre 40 et 50 mm de pluie cette fin de semaine», dit-il. Des «quantités significatives» de pluie pourraient même tomber jusqu'à mercredi prochain, selon Hydro Météo, qui croit que le niveau du Richelieu et du lac Champlain pourrait revenir à ce qu'il était le 6 mai, lorsqu'il a atteint son maximum.

«Ce sont des prévisions à long terme, mais malheureusement on prévoit aussi un vent du sud, ce qui fait monter les niveaux, explique M. Leroux. On demande aux gens de laisser leurs sacs de sable en place.»

Rencontré hier après-midi devant chez lui, rue Saint-Maurice, Jacques Oligny venait tout juste de retirer les sacs de sable qui protégeaient sa maison. «Je pense que je vais les remettre!», a-t-il dit après avoir été informé des hausses annoncées.

Un peu plus loin, Michel Chamberland prenait un bain de soleil, assis à côté de sa digue de sacs de sable. Même si l'eau est maintenant à environ 1 m de ce mur improvisé, M. Chamberland n'y touchera pas avant longtemps. «Je ne le défais pas. Je vais attendre. L'eau va remonter. De toute façon, je ne peux pas le défaire tout seul», a dit l'homme, qui vient de se faire amputer du pied gauche.

Frein aux retours à la maison

Cette hausse annoncée du niveau des eaux a amené les 20 municipalités montérégiennes touchées par ces inondations historiques à ralentir la réintégration des sinistrés dans leurs maisons.

Mercredi, une vingtaine de personnes avaient pu rentrer chez elles à Henryville. Mais hier, personne n'a pu revenir à domicile. «On doit ralentir, voire stopper la réintégration», a dit la porte-parole de la municipalité, Marie-Claude Choquette.

Selon M. Leroux, cette nouvelle crue des eaux ne causera pas plus de dommages puisque, malheureusement, le mal est fait. Jusqu'à maintenant, le gouvernement a versé 2 millions de dollars pour subvenir aux besoins les plus pressants des sinistrés.

La situation reste donc critique. Questionné par l'opposition officielle à savoir jusqu'à quand les soldats des Forces canadiennes resteront dans les zones inondées, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a annoncé qu'ils y resteraient jusqu'à ce que «les événements soient résorbés».