Alors que l'eau se retire lentement à raison d'environ 4 cm par jour, les 20 municipalités de la Montérégie touchées par des inondations historiques planifient le retour à la maison des sinistrés.

À Saint-Basile-le-Grand, l'avis d'évacuation des 152 maisons inondées a été levé hier. Selon le directeur général de la ville, Jean-Marie Beaupré, seulement 16 résidences restent problématiques. La municipalité travaillait aussi hier après-midi à rouvrir la route 223, fermée depuis la semaine dernière.

À Henryville, une vingtaine de résidants ont pu réintégrer leur maison dans les secteurs peu touchés. «Il y aura des retours progressivement, chaque jour», a dit Marie-Claude Choquette, de la municipalité.

Les villes les plus touchées, comme Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, Saint-Blaise, Noyan et Saint-Jean-sur-Richelieu, n'ont pas encore organisé le retour à la maison. «Les gens pourront rentrer quand le débit de la rivière sera revenu à la normale. On prévoit que ce sera entre le 16 et le 20 mai», a affirmé Jacques Babin, de la municipalité de Saint-Blaise. On donnera aux citoyens des consignes afin qu'ils réintègrent leur domicile en toute sécurité. «On veut aussi que les gens nous informent quand ils rentrent», a noté M. Babin.

À Saint-Jean-sur-Richelieu, six équipes d'inspecteurs sillonneront dès demain les quartiers sinistrés pour organiser les retours à la maison et évaluer les dégâts. «On estime que 400 des 800 maisons inondées sont endommagées. De ce nombre, 115 ont été évacuées», a expliqué le chef de cabinet de la mairie de Saint-Jean-sur-Richelieu, Sylvain Latour.

Urgences psychologiques

Depuis le début des inondations, le centre de santé et de services sociaux (CSSS) du Haut-Richelieu-Rouville a mis à la disposition des sinistrés une ligne de soutien psychologique (811). Des intervenants sont aussi sur le terrain pour les épauler.

«Les gens vivent de l'épuisement. Certains ne dorment pas depuis deux semaines. Même si l'eau baisse, ils vivent des deuils parce qu'ils réalisent tout ce qu'ils ont perdu. Ils sont aussi anxieux parce qu'ils ne savent pas ce qui s'en vient. Nos équipes sont là pour eux», a expliqué la directrice des services généraux au CSSS, Ruth Sansoucis.

Une vingtaine de travailleurs sociaux et de psychoéducateurs se rendent chaque jour dans les villes inondées. «On porte une attention particulière aux symptômes de dépression et aux hommes, qui sont moins enclins à parler», précise Mme Sansoucis.

Jusqu'à maintenant, une vingtaine de personnes ont été dirigées vers le CSSS pour une prise en charge, parce que leur cas était jugé «plus critique». «Pour certains, l'épuisement et l'anxiété sont tels qu'il y a des risques suicidaires», dit Mme Sansoucis.

L'eau devrait continuer de baisser dans le lac Champlain et la rivière Richelieu, mais les sinistrés restent inquiets, car des averses sont prévues aujourd'hui et demain et le soleil ne semble pas près de revenir avant quelques jours.