Le niveau de l'eau le long de la rivière Richelieu et aux abords du lac Champlain avait baissé de 8 à 10 centimètres, lundi matin, et le soleil avait ramené les sourires, alors que les sinistrés voyaient enfin poindre la fin des inondations.

«Dans les prochains jours, on va continuer d'avoir une baisse; les gens vont avoir la perception qu'il y a une diminution un peu plus importante en raison d'un vent du nord sur le lac Champlain qui va permettre une baisse plus rapide sur le Richelieu», a expliqué Yvan Leroux, directeur régional de la Sécurité civile en Montérégie et en Estrie.

Au même moment, les citoyens sinistrés apprenaient que l'aide financière qu'ils peuvent espérer du gouvernement du Québec sera bonifiée.

Ils ne sont toutefois pas encore au bout de leur peine, puisque l'on prévoit une baisse de 4 à 5 centimètres par jour, alors que le niveau doit diminuer de 1,1 mètre afin de revenir à la normale.

C'est donc dire que même si les derniers évacués - qui étaient les plus éloignés des rives - pourront commencer le long travail de nettoyage dans les prochains jours, il en va autrement pour les autres.

«Pour ceux qui étaient dans la bande riveraine de départ, ça va prendre plus de temps avant qu'ils puissent réintégrer et, en plus, la réintégration dans ces endroits va être plus longue parce qu'il y aura plus de travaux à faire», a ajouté M. Leroux.

Une simple règle de trois permet en effet d'évaluer que les premiers inondés en ont pour près d'un mois avant de ne plus l'être, à moins que l'eau ne se retire plus rapidement que prévu.

Quoiqu'il en soit, les citoyens affectés commencent déjà à évaluer et planifier les travaux qu'ils devront réaliser pour remettre leur domicile en état.

À ce sujet, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, avait de bonnes nouvelles à leur annoncer, lundi, promettant une bonification des programmes d'aide financière consentie par son ministère. Québec entend en effet offrir les mêmes majorations que celles offertes aux sinistrés de la Gaspésie lors des grandes marées de décembre dernier.

Ainsi, le montant maximum d'aide admissible pourrait passer de 100 000 $ à 150 000 $ pour les particuliers, et à 200 000 $ pour les entreprises.

«La difficulté, ce sera de trouver des entrepreneurs, de trouver des bras pour vider les sous-sols, rendre la situation vivable pour les gens», a toutefois averti M. Leroux, dont les équipes ont déjà vécu ce genre de situations.

Il a ajouté que la Sécurité civile peut aussi venir en aide à l'étape de l'évaluation des dégâts, surtout pour éviter les arnaqueurs qui seraient tentés de profiter de la situation. «Nous avons des analystes spécialisés dans ce domaine qui connaissent les coûts reliés à cela. On n'en est pas à nos premières inondations au Québec. Ce sont les mêmes analystes qui ont regardé les situations en Gaspésie ou ailleurs où se sont produites de grosses inondations.»

Le décret du ministre Dutil prévoit également d'autres bonifications touchant notamment l'indemnité quotidienne, les frais de déménagement et d'entreposage, et les travaux temporaires, par exemple. Ce décret, qui devait être présenté pour approbation au conseil des ministres lundi, compte en tout 17 mesures visant à améliorer les programmes existants.

Déjà, toutefois, plus de 1,1 million $ avaient été versés à quelque 400 familles pour défrayer des dépenses urgentes, surtout reliées à leur délocalisation et à leur hébergement temporaire.

Sur le terrain, la Sûreté du Québec continuait de patrouiller dans les municipalités touchées pour s'assurer que les citoyens sont en sécurité. Plus de 1700 domiciles ont été visités jusqu'à maintenant par les policiers, qui ont aussi procédé à des contrôles de véhicules.

Une centaine de policiers provinciaux sont à pied d'oeuvre et semblaient s'acquitter de manière exemplaire de leur mandat, qui consiste à assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens.

«Oui, il peut arriver que des gens veuillent profiter du malheur des autres, mais ici, depuis le début des opérations, depuis que la Sûreté du Québec est en place, aucun cas de vol ou de méfait n'a été rapporté à la Sûreté», s'est réjoui le lieutenant Michel Brunet, de la SQ.

«Ces gens-là quittaient leur résidence avec des craintes, a-t-il reconnu. On leur a dit: ''quittez votre résidence pour votre santé, et nous, la Sûreté du Québec, on va s'occuper de vos biens'', et c'est ce qu'on fait.»

Du côté de l'armée, les soldats avaient cessé d'ensacher du sable lundi et disposaient en fait d'une réserve de 20 000 sacs. L'ingéniosité des militaires a d'ailleurs été mise en évidence au premier jour de leur arrivée, alors qu'ils ont converti un camion d'épandage de sel routier en ensacheur de sable capable de remplir 100 sacs en 5 minutes!

«Présentement, j'ai des réserves de sacs de sable», a indiqué le lieutenant-colonel Simon Bernard, commandant de la force opérationnelle. «S'il y a une demande, je suis capable de «pousser» des sacs de sable où le besoin s'en fait sentir. Si je dois recommencer à en produire, 100 sacs de sable aux 5 minutes, c'est énorme comme production», a-t-il indiqué, non sans exprimer lui-même sa fierté devant la débrouillardise de ses militaires.

Les quelque 834 soldats sur place s'affairaient donc à distribuer ces sacs là où ils étaient requis, en plus d'offrir de l'aide et du transport aux sinistrés, mettant à profit leurs véhicules qui sont parfaitement adaptés à ce genre de situation.

Le lieutenant-colonel Bernard a profité de l'occasion pour transmettre le sentiment ressenti par les troupes dépêchées en renfort. «Aider nos concitoyens, c'est fantastique. Nous sommes toujours heureux d'aller servir en Afghanistan, en Bosnie, ou en Haïti après le tremblement de terre, mais il n'y a rien de plus valorisant, de plus gratifiant que d'aider nos concitoyens. J'ai des militaires ici dont la famille habite la région sinistrée. C'est vraiment un honneur de pouvoir venir aider nos concitoyens.»