À 28 ans, le chef d'orchestre Jean-Michaël Lavoie a déjà travaillé avec le grand Pierre Boulez pendant deux ans à Paris. Il a aussi été chef en résidence du Los Angeles Philharmonic, où il a dirigé la Symphonie fantastique de Berlioz. Il est le lauréat 2010 du prix Opus Découverte de l'année et vient de signer avec l'agence International Classical Artists, celle qui représente aussi Kent Nagano. Portrait d'un jeune chef à l'avenir très prometteur.

Quand il a présenté sa candidature pour devenir chef adjoint à l'Ensemble intercontemporain de Paris, Jean-Michaël Lavoie avait 46 rivaux de plusieurs pays. Après s'être classé parmi les cinq finalistes, il s'est rendu dans la Ville lumière pour passer une audition. C'est là qu'il a vu, parmi le jury, le grand compositeur et chef d'orchestre qui a fondé cette formation: Pierre Boulez.

 

«J'étais surpris de le voir et très intimidé, confie le jeune chef. Mais je me suis dit que je devais me concentrer uniquement sur ce que j'avais à faire, tout simplement.»

Cela lui a réussi, car il a remporté l'audition. Pendant deux ans, il a ainsi eu la chance de diriger cette formation musicale et de côtoyer ce géant de la musique contemporaine, maintenant âgé de 85 ans.

«C'est impressionnant de travailler avec lui, dit-il. C'est quelqu'un qui a fait une différence dans l'histoire de la musique et il est toujours très actif. J'ai pu travailler des partitions chez lui et recevoir un enseignement inestimable. Ces deux années ont fait une grande différence dans mon parcours.»

Le mandat de deux ans de Jean-Michaël Lavoie à l'Ensemble intercontemporain est terminé depuis peu, mais il ne se retrouve pas sans travail pour autant, au contraire! Cette expérience est un tremplin formidable pour la suite de sa carrière.

«J'ai une grosse année qui m'attend, avec des concerts en tant que chef invité de différents orchestres en France et en Israël. En avril, je serai à la Scala de Milan, où je vais codiriger la création d'un opéra du compositeur Luca Francesconi, Quartett, dont le livret est basé sur Les liaisons dangereuses.»

Gravir les échelons

Pour Jean-Michaël Lavoie, le succès qu'il vit actuellement est le résultat d'un long processus.

«La transition entre le statut d'étudiant et celui de jeune professionnel s'est faite graduellement, mais toujours en montant une marche plus élevée, avec des orchestres plus importants et un répertoire plus costaud», dit-il.

Natif de Saint-Césaire, en Montérégie, il a pris des leçons de piano enfant, comme le font tant d'autres. Plus tard, au secondaire, il a dirigé le choeur de son école. Il a ensuite étudié la musique à l'Université McGill, d'abord au baccalauréat en théorie musicale et en piano, ensuite à la maîtrise en direction d'orchestre.

C'est là que le compositeur, professeur et chef d'orchestre Denys Bouliane l'a pris sous son aile pendant quatre ans. «Il me donnait des responsabilités et je dirigeais beaucoup de concerts en parallèle à mes études, raconte le musicien. Cela m'a permis d'acquérir beaucoup d'expérience rapidement, surtout en musique contemporaine. On peut dire que Denys Bouliane a été la personne qui m'a aidé le plus dans mes débuts.»

L'avenir

La toute récente expérience du jeune chef avec le Los Angeles Philharmonic est aussi une étape importante qui devrait lui ouvrir des portes.

«C'est un orchestre très important, à l'affût des nouveaux talents, et il invite des jeunes chefs à venir travailler avec lui, dit-il. Cependant, je n'étais pas là seulement comme chef invité pour quelques concerts, mais en résidence. Cela implique de passer un mois avec les musiciens, ce qui donne le temps de mieux connaître l'orchestre de l'intérieur.»

Le rêve de Jean-Michaël Lavoie est de devenir un jour directeur musical d'un orchestre, pour pouvoir travailler plus en profondeur. Mais il est conscient qu'il n'est pas encore prêt. D'ici là, il doit encore apprendre, faire progresser sa carrière et se faire connaître.

Son contrat avec l'agence International Classical Artists l'aidera en ce sens, car elle dispose de conseillers qui aident à faire avancer la carrière des artistes de façon stratégique, explique-t-il.

Il sera de passage à Montréal le 29 novembre pour diriger un concert à la salle Pollack, à titre de chef invité du McGill Contemporary Music Ensemble, où il dirigera, entre autres, des oeuvres de Pierre Boulez.