Ingénieur chez SNC-Lavalin, Carl Grimard s'est exilé en Chine il y a deux ans pour réaliser un projet unique : la construction du pavillon du Canada pour l'Exposition universelle de Shanghai. Une véritable oeuvre d'art format géant, dont le design a été conçu par le Cirque du Soleil. La mission de l'ingénieur : donner vie à ce concept en dirigeant toutes les opérations, de la mise en chantier à la disposition du pavillon.

Quand on dirige la construction d'un projet d'une valeur totale de 58 millions, on ne peut pas se permettre de se tromper. Le défi était donc immense pour Carl Grimard lorsqu'il est arrivé en Chine. Il devait d'abord trouver les entrepreneurs chinois qui réaliseraient le mandat, et ce, alors qu'il ne parlait que très peu le mandarin. Il devait aussi recruter les meilleurs candidats pour les postes-clés de gestion. L'autre grand défi était respecter l'échéancier avec une date butoir immuable : l'ouverture de l'Expo.

 

« Le bâtiment devait avoir deux fonctions, dit-il. D'une part, il devait représenter le Canada en recevant 35 000 visiteurs par jour pendant six mois, avec tous les besoins que cela implique. D'autre part, c'était un centre de congrès où des dignitaires allaient se rencontrer. Tout cela devait fonctionner au quart de tour. Et je crois que nous pouvons dire : mission accomplie. «

Le tout devait se faire en respectant le concept artistique du Cirque du Soleil, qui avait le mandat de créer tout le côté visuel, l'expérience du visiteur et l'exposition intérieure.

« C'est très rare dans notre métier que l'on a la chance de réaliser une telle oeuvre d'art, dit Carl Grimard. L'extérieur du pavillon est recouvert de cèdre rouge canadien, avec un système d'éclairage extrêmement sophistiqué qui le rend translucide et l'illumine. C'était l'un des éléments-clés du projet, et on voulait que ce soit parfait. «

Le succès du pavillon a surpassé les attentes, avec plus de 6 millions de visiteurs, ce qui en fait l'un des plus visités de l'Expo.

Une expérience humaine

Mais pour en arriver là, il a fallu travailler très fort avec les quelque 160 ouvriers chinois embauchés sur le chantier. Une expérience humaine que Carl Grimard n'est pas près d'oublier !

« Pour mobiliser les gens, il faut que ça devienne aussi leur projet, dit l'ingénieur. Il faut partager la paternité du projet avec les entrepreneurs, et quand on atteint un objectif, il faut le souligner et récompenser les gens pour leurs efforts. Et quand on fait ça, ce n'est pas trop long que ça produit des résultats ! On peut dire que nos travailleurs chinois ont adopté le pavillon. Ils avaient à coeur de réussir comme si c'était à eux. «

Mais la chose dont il est le plus fier, c'est d'avoir achevé tous les travaux sans accident de travail. Pour ce faire, on a beaucoup insisté sur la sécurité.

« On a travaillé l'équivalent de 350 000 heures-hommes sans accident, dit-il. Ce n'est pas rien, surtout quand on sait que dans les chantiers voisins immédiats, il y a eu trois morts ! En Chine, ils ne sont pas nécessairement habitués d'avoir des règles strictes, mais ils veulent apprendre. Chaque fois que nous avions 50 000 heures travaillées sans accident, on organisait une fête pour les travailleurs. L'atmosphère de travail était excellente. «

Résultat : les travailleurs chinois, habitués de changer de chantier, ne voulaient plus repartir !

Le tout se déroulait dans une ambiance de compétition amicale entre pays. « En construction, c'est rare que tu te retrouves sur un site de 5 km2 avec tous les pays du monde, dit-il. Tout le monde veut avoir le plus beau pavillon et être les premiers à finir. C'était comme les Jeux olympiques de la construction et du design. «

L'ingénieur se considère très chanceux de faire ce qu'il aime et d'avoir vécu cette expérience. « Le plus important pour moi, c'est d'être arrivé à partager notre rêve avec plein de gens, et de les avoir mobilisés pour le réaliser. «

Âgé de 39 ans, Carl Grimard est originaire du village d'Ham-Nord, près de Victoriaville. Il est diplômé en génie de la construction de l'École de technologie supérieure, détenteur d'un MBA des HEC, et membre du Project Management Institute.