Professeur à Harvard en psychologie cognitive et auteur de plusieurs livres à succès, Montréalais d'origine, Steven Pinker a été reconnu comme personnalité influente et intellectuel majeur par les magazines Time et Foreign Policy. Mais au-delà des titres et des honneurs, il demeure attaché à son plus grand objectif: comprendre le fonctionnement de l'esprit et la nature humaine.

Né à Montréal où il a grandi et étudié au Collège Dawson et à l'Université McGill, Steven Pinker a fait ses valises à 22 ans pour entreprendre son doctorat à Harvard, où il est devenu professeur il y a 7 ans, après avoir d'abord enseigné pendant 21 ans au Massachusetts Institute of Technology.

Pendant toute la durée de sa carrière, il a accumulé une impressionnante collection de prix et de distinctions pour ses travaux, son enseignement et ses livres sur l'esprit humain et le langage destinés au grand public.

Il a été récompensé, en-tre autres, par l'American Psychological Association et la National Academy of Science, nommé président d'honneur par l'Association canadienne de psychologie en 2008, et il détient six doctorats honorifiques. En 2006, il a été nommé «Humaniste de l'année» par l'American Humanist Association pour sa contribution à la compréhension de l'évolution humaine par le public.

La quête

La plus importante contribution de Steven Pinker à la science est une théorie sur la façon dont les enfants acquièrent leur langue maternelle. Il a écrit deux livres sur le sujet qui demeurent une référence.

Mais pour lui, l'ultime quête reste de comprendre comment fonctionne l'esprit humain. C'est aussi la contribution qu'il aimerait laisser: avoir amené les gens à réfléchir sur cette mystérieuse nature humaine.

«C'est Tchekhov, je crois, qui disait que l'homme serait meilleur si on lui montrait ce qu'il est, dit-il. Je crois que si on amène les gens à mieux se comprendre eux-mêmes, en tant qu'espèce, la vie s'en trouvera améliorée. Je ne prétends pas connaître les réponses sur ce qu'est la nature humaine, mais j'aimerais avoir contribué à ce que les gens se posent des questions à ce sujet.»

Pour rendre accessible son champ d'expertise à plus de gens, il a décidé il y a 16 ans de se lancer dans l'écriture de livres destinés au grand public, et il en est présentement à la rédaction du sixième. Jusqu'à maintenant, trois de ses ouvrages ont été traduits en français: Comment fonctionne l'esprit, L'instinct du langage et Comprendre la nature humaine.

Son dernier essai, The Stuff of Thought, porte sur le langage. Dans l'un des chapitres, il raconte avoir puisé au registre des sacres québécois pour illustrer comment les sociétés ont des tabous différents, qui se reflètent dans leurs jurons!

Dans le livre qu'il rédige présentement, il explore un côté plus sombre de l'humain: la violence.

«La violence a diminué progressivement au cours de l'histoire, dit-il. Aujourd'hui, nous vivons dans un monde plus pacifique qu'il ne l'a jamais été. Les gens pensent que c'est le contraire, parce que si vous lisez les journaux, vous constatez qu'il y a du terrorisme et des guerres civiles. Mais si vous comptez vraiment les morts violentes dans une année, vous constatez qu'il y en a moins, proportionnellement, qu'il y en avait il y a plusieurs siècles.»

Selon lui, nous sommes moins violents que nos ancêtres, parce que l'histoire a favorisé l'utilisation des parties du cerveau qui nous rendent pacifiques, au détriment de celles qui contrôlent nos instincts violents.

Montréalais de coeur

Malgré la longue liste de prix qu'il a reçus et la complexité de ses recherches, Steven Pinker ne se prend pas trop au sérieux. Il aime bien l'humour. Quand on lui demande ce qu'il pense du fait d'avoir déjà été nommé l'une des 100 personnes les plus influentes du monde par le Time Magazine, il lance: «J'étais très heureux! À la réception en l'honneur de ces personnes, je devais être assis à côté du rappeur Puff Daddy, mais il ne s'est pas présenté!»

Et il s'empresse aussi d'ajouter que même s'il vit aux États-Unis, il visite très souvent sa famille, qui vit encore à Montréal. «C'est l'un de mes endroits favoris au monde, et je suis toujours un partisan du Canadien!»