De nouveaux éléments d'enquête fragilisent l'hypothèse de la cigarette oubliée comme cause de l'incendie tragique de la Résidence du Havre, à L'Isle-Verte.

Au lendemain du drame, la possibilité qu'un résidant ait pu causer l'incendie qui aurait fait 32 morts en oubliant une cigarette allumée ou en laissant tomber la cigarette qu'il venait de griller dans sa chambre s'est mise à circuler. Le fils du résidant en question a vivement réfuté les allégations.

La Sûreté du Québec avait maintenu que la thèse de l'article de fumeur en était une parmi plusieurs autres. Mais depuis les révélations, les enquêteurs ont poursuivi leur lente progression dans l'immense scène de crime, détruite à un point tel qu'il est difficile d'y chercher la cause du sinistre.

«Certains éléments viennent mettre en doute l'hypothèse de la cigarette, sans l'écarter complètement», a révélé à La Presse une source bien au courant de l'enquête. Pour avancer cela, cette personne se base sur des éléments d'enquête connus depuis déjà un certain temps, mais aussi de très nouveaux.

Il semblerait qu'en avançant dans les recherches, on se soit notamment intéressé à la cuisine de l'établissement.

Notre source refuse d'en dire plus sur la chose. Ces informations ne sont pas confirmées par le lieutenant Michel Brunet, porte-parole de la Sûreté du Québec à L'Isle-Verte.

Deux corps de plus

Ce dernier a indiqué hier que deux nouveaux corps ont été retrouvés dans la journée, portant le total à 19. Treize personnes sont toujours manquantes.

De plus, 75% de la scène du drame a été fouillée, et le mur coupe-feu qui séparait la nouvelle partie de la résidence de l'ancienne, qui a été rasée, a dû être démoli dans la nuit d'hier, à la demande de la CSST. L'organisme le jugeait instable et dangereux pour les travailleurs.

La journée a été productive pour le Bureau du coroner, qui a identifié trois nouvelles victimes, selon sa porte-parole Geneviève Guilbault. Sept personnes ont maintenant été identifiées.

Au total, cinq survivants sont toujours hospitalisés, et 16 des 17 autres résidants sinistrés ont été installés dans de nouvelles résidences de façon permanente.

Trois coroners sont à pied d'oeuvre à L'Isle-Verte pour mener l'enquête sur les causes du drame.

Celle qui dirige les opérations et qui signera le rapport final, c'est la Dre Renée Roussel, la coroner de la région. Elle est assistée du Dr Martin Clavet, responsable de l'investigation de Lac-Mégantic. Il est surtout là pour l'aider, lui transmettre les apprentissages qu'il a lui-même acquis lors de la tragédie de l'été dernier.

Quant à la coroner Andrée Kronström, elle est le lien entre l'enquête et les 32 familles de défunts et de disparus.

«Ils veulent tout savoir. Même si ça peut leur faire mal», indique-t-elle.

«Les familles veulent savoir où était leur proche, s'il a souffert. Je leur réponds de la façon la plus véridique possible», ajoute-t-elle.

«Mais je leur explique aussi que le corps humain est bien fait, il y a des mécanismes en général qui font que les souffrances sont abrégées. Ça dépend de chaque victime, mais en général, l'humain est bien construit et n'est pas fait pour souffrir des heures. À un moment donné, la conscience est altérée et il y a perte de conscience rapide», explique la coroner Kronström.