Après le feu et la glace, c'est à l'épuisement que font face les autorités à L'Isle-Verte, dans les ruines de la Résidence du Havre.

L'incendie aurait été causé par une cigarette. Différents médias ont rapporté vendredi qu'un résidant voulait fumer dehors peu avant minuit, mais les portes se verrouillaient à cette heure. Il aurait finalement violé le règlement et allumé sa cigarette dans sa chambre du deuxième étage. Quelques minutes plus tard, l'édifice flambait.

Les recherches ont été suspendues à 19 h vendredi soir. À cause des «conditions extrêmes», il fallait un repos pour les policiers, pompiers, experts en médecine légale et membres du Bureau du coroner. Ils ont repris le travail à 7 h ce matin, indique Guy Lapointe de la Sûreté de Québec (SQ).

Il existe peu de spécialistes qualifiés pour ce travail. Comme il faisait «très, très froid» vendredi, ils se sont répartis en trois équipes pour se relayer. Des observateurs de la CSST sont même venus s'assurer que leur fatigue physique et mentale ne menaçait pas leur sécurité.

Un travail pénible les attend. Une épaisse couche de glace recouvre encore ce qu'il reste de la résidence privée. Elle comptait 52 unités, mais on ignore si elles étaient toutes occupées quand l'incendie s'est déclenché vers 0 h 22, jeudi matin.

La SQ confirme pour l'instant huit morts et 32 persones sont portées disparues. Une vingtaine de personnes âgées auraient été secourues. 

Les intervenants savent où les chercher; ils utilisent de la vapeur pour faire fondre la glace. Ils songeaient vendredi à commander de nouveaux équipements pour terminer cette tâche délicate tout en «préservant l'intégrité des victimes potentielles», dit M. Lapointe.

L'enquête commence

Les enquêteurs ont rencontré vendredi le copropriétaire de la résidence, Roch Bernier. «Ils sont en train de faire des croquis de la résidence pour aider dans l'opération de recherche», a affirmé André-Jules Lévesque, un des employés de la résidence qui collabore à l'enquête. «Ils n'ont pas dormi depuis plus de 60 heures. Ils souhaitent s'adresser à la population et ils le feront dès qu'ils seront libérés par les enquêteurs», a-t-il ajouté.

La Résidence du Havre était «parfaitement conforme» aux normes de sécurité, a assuré la ministre déléguée aux Services sociaux, Véronique Hivon. L'édifice avait moins de quatre étages et ne comptait pas de personnes «non autonomes» comme dans les CHSLD. Elles étaient autonomes ou semi-autonomes.

Les gicleurs n'étaient donc pas obligatoires. Il n'y en avait pas dans la vieille partie de la résidence, où étaient hébergées les personnes autonomes. C'est cette portion de l'édifice qui a été réduite en ruines par l'incendie. L'employé André-Jules Lévesque l'a confirmé à La Presse, les pompiers n'ont même pas réussi à y pénétrer. L'endroit s'est «totalement embrasé» en moins de 10 minutes, a raconté le directeur des pompiers volontaires, Yvan Charron.

André-Jules Lévesque a lui-même participé à l'évacuation des personnes âgées qui se trouvaient dans la nouvelle section. «Ces personnes ont été incommodées par la fumée qui a passé à travers le mur coupe-feu, mais c'est tout.»

Selon la ministre Hivon, la résidence avait réussi «dans les temps requis» le dernier exercice d'évacuation l'année dernière. «C'était en moins de huit minutes, je crois.»

- Avec Tristan Péloquin

La mairesse de retour

La mairesse Ursule Thériault était en voyage en Floride lors du drame. Elle a pris l'avion jeudi soir. vendredi, elle s'est rendue sur les lieux, qu'elle a survolés en hélicoptère. Elle n'a pas voulu donner d'interviews individuelles. La mairesse a répété en point de presse que «tout est sous contrôle». Le niveau d'eau est faible et les citoyens doivent toutefois la faire bouillir. On ignore quand la situation sera rétablie. Mme Thériault a malgré tout nié à plusieurs reprises que l'eau n'était pas potable, car le problème pouvait être réglé si on la faisait bouillir.

Combattre le choc et l'isolement

Une vingtaine de psychologues et travailleurs sociaux ont été déployés sur le terrain. Ils combattent le choc et l'isolement. «Les aînés pensent souvent qu'ils vont vous déranger s'ils demandent quelque chose. On l'a vu hier (vendredi)», affirme Véronique Hivon, ministre déléguée aux Services sociaux. Elle les invite à ne pas hésiter. Pour des gens dont un parent est porté disparu, «tant qu'ils n'ont pas eu de confirmation [de décès], c'est un peu irréel», dit-elle.