La sécurité dans les résidences pour personnes âgées préoccupe Québec depuis plusieurs mois. Notamment les salles sans gicleurs, comme dans la résidence qui a brûlé à L'Isle-Verte. Un comité se penchait déjà sur le sujet, a confirmé le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron.

«Un comité de travail, présidé par le ministère de la Sécurité publique, a été mis en place sur cette question, notamment sur les gicleurs, et qui implique un certain nombre de ministères et d'organismes comme la Régie du bâtiment. Les travaux étaient en cours. Je ne peux pas aller plus loin», a-t-il expliqué en point de presse dans un restaurant de L'Isle-Verte transformé en salle de presse.

La Résidence du Havre de L'Isle-Verte ne comptait pas de gicleurs dans toutes ses chambres. «Cette résidence répondait aux normes actuelles », a toutefois précisé M. Bergeron.

L'enquête vient à peine de commencer, ajoute M. Bergeron. Il est trop tôt pour lier le nombre de gicleurs au drame, insiste-t-il. Il avance aussi qu'il «n'y avait pas de demande» faite au comité de travail à ce sujet.

Plus tôt aujourd'hui, Yvan Charron du Service d'incendies de L'Isle-Verte a indiqué que les gicleurs installés dans la résidence avaient fonctionné lors de l'incendie qui a détruit en ruines le deux tiers de l'édifice.

Normes trop peu sévères

«Il n'y a pas d'obligation de poser des gicleurs pour les résidences existantes», mentionne le président du comité de prévention de l'Association des chefs de sécurité incendie du Québec, André St-Hilaire, qui estime qu'avec des gicleurs installés partout, le drame actuel «n'aurait pas atteint cette ampleur-là».

Il y a un an, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, reconnaissait lui-même que l'absence de gicleurs dans les 2000 résidences pour personnes âgées du Québec était préoccupante. «Faut-il attendre qu'on ait un drame avant d'implanter des règles claires pour les résidences qui accueillent des gens en perte d'autonomie?», disait-il à l'Assemblée nationale le 15 février 2013.

Le président du Regroupement québécois des résidences privées pour aînés (RQRA), Yves Desjardins, estime lui-même que les normes de sécurité incendie, imposées par le gouvernement dans les résidences privées pour personnes âgées, ne sont pas assez sévères.

«On demande au gouvernement depuis longtemps que les systèmes de gicleurs automatiques soient obligatoires partout. Ce ne l'est toujours pas. Il faut changer la législation», estime M. Desjardins.

À Québec, la ministre du Travail, Agnès Maltais, responsable de la Régie du bâtiment, a affirmé que de nouvelles normes en matière de sécurité incendie ont été ajoutées l'an dernier au règlement sur la certification des résidences pour aînés.

Ces modifications avaient d'abord été proposées par le gouvernement Charest en 2012, et les péquistes les ont mises en vigueur en mars dernier. L'enjeu des gicleurs n'était pas abordé dans le cadre des nouvelles normes. Il a été inscrit à l'ordre du jour après l'adoption du nouveau règlement, a expliqué Mme Maltais.

C'est le comité de travail du ministère de la Sécurité publique qui étudie la question.

«Je peux vous dire une chose: si c'est ciblé comme étant une cause de l'événement qui vient de se produire, ça va avoir un poids très lourd dans les échanges qui se font dans ce comité. Trente personnes qui décèdent, c'est un drame, mais c'est aussi un enseignement très sérieux pour une société», a soutenu Mme Maltais, allant plus loin que les autorités policières sur le bilan des victimes.