Procureur-chef de la commission Charbonneau, chargée d'enquêter sur l'attribution des contrats de construction par le gouvernement, Me Sylvain Lussier se montre surpris des déclarations de l'ex-commissaire à la collusion au ministère des Transports, Jacques Duchesneau.

Dans un entretien publié lundi par Le Devoir, l'ex-patron de la police de Montréal soutient que «chaque fois qu'il y a un contrat d'accordé, il y a un montant d'argent donné à quelqu'un, une somme qui disparaît de l'écran radar. Il y a des gens qui occupent de hautes fonctions qui s'enrichissent personnellement». M. Duchesneau refuse toutefois de nommer des individus de peur d'éventuelles représailles de «l'autre commission», un groupe mafieux qui tire les ficelles derrière l'attribution des contrats.

«Je ne peux que réagir comme citoyen, je ne sais pas sur quoi c'est basé. C'est gros, impressionnant» a reconnu Me Lussier, perplexe. Les questions que soulève M. Duchesneau sont carrément dans le champ de compétence de la commission Charbonneau, et il est acquis que l'ancien policier sera invité à y témoigner. «De toute évidence, ces déclarations nous intéressent», a dit l'avocat de la commission.

Le ministre des Transports, Pierre Moreau, s'est refusé à tout commentaire hier. Avant les Fêtes, il avait soutenu que le ministère des Transports avait vérifié les allégations de M. Duchesneau quant aux dépassements de coûts à son ministère et qu'elles étaient erronées. M. Moreau avait tout de même offert à M. Duchesneau de prolonger son mandat au Ministère. Ce dernier était déjà en discussions pour la production d'une série documentaire télévisée sur la collusion et la corruption.

Dès qu'elle aura mis en ligne son site web, ce qui est attendu dans les prochains jours, la commission Charbonneau pourra rendre publiques les règles de procédure qui encadreront les travaux. Les groupes intéressés auront toutefois plusieurs semaines pour commenter ces règles et décider s'ils demandent à être reconnus comme parties et représentés formellement aux audiences. «Le calendrier va permettre aux gens de réfléchir plus longtemps pour que les clients des avocats décident s'ils veulent être présents comme parties», a expliqué le procureur-chef Lussier.

On vise toujours à ce que des audiences publiques débutent à la fin du printemps, a-t-il indiqué.