Le ministère fédéral de la Sécurité publique a commandé deux études afin de mesurer l'emprise du crime organisé dans le secteur de la construction au Québec et en Colombie-Britannique, mais aussi dans le secteur des valeurs mobilières, a appris La Presse.

La firme Compliance Strategy Group (CSG) doit remettre son étude sur le secteur de la construction au plus tard le 31 mai et celle sur le secteur des valeurs mobilières, le 31 octobre. Elle recevra 90 400$ pour chaque rapport.

L'entreprise affirme sur son site internet qu'elle aide les agences chargées de lutter contre la criminalité «à améliorer leurs procédés et leurs processus de prise de décisions». CSG dit recueillir, vérifier et valider des données afin de permettre à ses clients d'«obtenir des réponses claires et complètes à leurs questions».

L'entreprise, dirigée par John Kiedrowski, affirme avoir comme clients plusieurs organismes gouvernementaux, dont plusieurs ministères canadiens (Santé, Justice, Affaires indiennes, Conseil du Trésor), la Gendarmerie royale du Canada et le ministère de la Justice des Pays-Bas. Dans le secteur privé, CGS a eu comme clients le Conference Board du Canada, l'Association canadienne des inspecteurs de biens immobiliers et le Centre international pour la prévention de la criminalité, entre autres.

Le ministère de la Sécurité publique se montre plutôt avare de commentaires au sujet de ces études et des raisons pour lesquelles elles ont été commandées.

«Je peux vous dire que les deux études menées par Sécurité publique Canada visent le secteur de la construction commerciale et le secteur des valeurs mobilières. Les marchés ont été attribués plus tôt cette année, et les travaux ont commencé. L'étude sur le secteur de la construction visera le Québec et la Colombie-Britannique. Les résultats des études seront rendus publics, mais la date de diffusion des rapports n'a pas été confirmée», a indiqué Jessica McDonald, porte-parole du Ministère.

Depuis trois ans, plusieurs affaires ont éclaboussé le secteur de la construction au Québec, notamment dans la grande région de Montréal. Les allégations de corruption ont alimenté les débats à l'Assemblée nationale, où le Parti québécois et l'ADQ ont multiplié les pressions pour convaincre le gouvernement Charest de mettre sur pied une commission d'enquête sur la construction. Les policiers de la SQ et les procureurs de la Couronne ont aussi réclamé une enquête publique.

Le gouvernement Charest estime pour sa part qu'il est préférable de laisser les policiers faire leur travail d'enquête. Il a tout de même accepté de créer l'Unité permanente anticorruption (UPAC), au mois de février. Cette unité regroupe notamment des enquêteurs de l'escouade Marteau, de Revenu Québec, du ministère des Affaires municipales et du Bureau canadien de la concurrence.

Il y a trois semaines, l'UPAC a frappé son premier coup en menant une quinzaine de perquisitions, surtout dans des entreprises liées au domaine de la construction établies à Saint-Jean-sur-Richelieu.

À Ottawa, le gouvernement Harper s'est toujours refusé à commenter les nombreuses allégations qui ont secoué le milieu de la construction au Québec.

- Avec la collaboration de William Leclerc