Le syndicat local des employés de la Commission de la construction du Québec, affilié à la FTQ, s'en prend avec virulence à la présidente de l'organisme, Diane Lemieux, dans un courriel interne. La raison: pour s'assurer de leur intégrité et d'une parfaite étanchéité entre eux et le monde de la construction, les 250 syndiqués de la CCQ qui ont des pouvoirs d'enquête, y compris ceux qui seront bientôt intégrés à l'UPAC, vont devoir se désaffilier de la FTQ.

De plus, ils ne devront se lier à aucun autre syndicat impliqué dans cette industrie, minée par des allégations de collusion, d'intimidation et de corruption.

Cette disposition (article 50), intégrée dans le projet de loi 15 visant à lutter contre la corruption et à entériner la création du poste de commissaire de l'UPAC, provoque la furie de la FTQ et du syndicat local des employés de bureau de la CCQ (SEPB), affilié à la centrale syndicale.

Dans un courriel intitulé Diviser pour mieux régner envoyé hier matin à ses membres, et que La Presse a obtenu, le président du SEPB, Daniel Gamelin, rappelle que cette «attaque» survient alors que son syndicat a entrepris de contester le programme de vérification des antécédents de ces employés qui, pour certains, travailleront de concert avec les policiers de l'escouade Marteau. L'article 51 de la loi prévoit en effet que les employés chargés des enquêtes à la CCQ devront «être de bonnes moeurs» et «ne pas avoir été reconnus coupables d'une infraction au Code criminel».

«Nos appréhensions suite à la nomination de Madame Lemieux à la direction de la CCQ sont maintenant confirmées, et beaucoup plus tôt que prévu», écrit Daniel Gamelin.

«Intégrité, transparence, honnêteté, éthique, toutes ces belles paroles répétées par Madame Lemieux ne se reflètent pas dans ses actes. Alors que nous étions "Fiers de bâtir ensemble", Mme Lemieux semble "Fière de démolir toute seule".»

À la FTQ, on ne décolère pas non plus devant ce que Michel Arsenault qualifie d'«attaque sans précédent à la liberté d'association» et de «recul historique». Dans un communiqué, le président de la FTQ considère que ce projet de loi est une simple «diversion» pour éviter la mise en place d'une commission d'enquête sur l'industrie de la construction, à laquelle la FTQ est favorable: «Nous croyons plutôt qu'il s'agit d'un retour à la loi du cadenas», dit M. Arsenault.

Le projet de loi 15 entérine aussi la création d'une petite «unité autonome» de vérification sous la coordination du commissaire de l'UPAC et qui relèvera directement de Diane Lemieux.

Il y a quelques jours, La Presse a révélé l'existence d'une lettre envoyée en 2006 par le président du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction à l'ex-PDG de la CCQ. Il y dénonçait un don de solidarité de 1500$ fait par le syndicat local des employés de bureau de la CCQ à la FTQ Construction pour appuyer une campagne de maraudage. Selon lui, il s'agissait d'un cas de conflit d'intérêts.