Un don de 1500$ fait par les employés syndiqués de la Commission de la construction du Québec (CCQ) à la FTQ-Construction pour la soutenir «dans une campagne de maraudage» a déclenché l'ire d'un syndicat concurrent et suscité le «malaise» du président de la CCQ, révèlent des documents obtenus par La Presse.

L'affaire, qui remonte à 2006, apporte de l'eau au moulin de ceux qui soutiennent que la FTQ-Construction jouit d'une certaine influence auprès de l'organisme chargé de réglementer l'industrie. La situation est d'autant plus complexe que les quelque 850 employés de la CCQ sont affiliés à la FTQ par l'entremise du Syndicat des employés professionnels et de bureau (SEPB). Cela inclut les inspecteurs chargés de la police dans les chantiers ainsi que de la lutte contre l'intimidation et le travail au noir.

Conflit d'intérêts?

Le 28 mars 2006, Pierre Labelle, président du syndicat «International», a écrit à André Ménard, alors président de la CCQ, pour se plaindre de ce don et lui demander de «prendre les moyens nécessaires qui s'imposent» pour éviter tout «conflit d'intérêts». «J'aimerais vous rappeler que les employés de la CCQ sont payés par les travailleurs de l'industrie de toutes les centrales syndicales», écrit-il. Environ 43% des travailleurs de l'industrie sont affiliés à la FTQ-Construction, comparativement 26% à l'International.

Dans sa réplique, le président du syndicat local de la CCQ, Pierre Labelle, se montre surpris que «certains partenaires de l'industrie [...] soient indisposés. Je trouve malheureux que ce geste de solidarité syndicale puisse créer des doutes quant à notre impartialité».

André Ménard, lui, a fait part à M. Labelle de son «inconfort», en plus de se dire «profondément choqué et déçu». Mais il prévient que sa marge de manoeuvre est inexistante «dans les affaires personnelles d'autrui», en particulier d'un syndicat, sans être «taxé d'ingérence»

André Martin, porte-parole de la CCQ, confirme les faits et dit que cela ne s'est pas reproduit. Il rappelle que plusieurs mesures ont été mises en place depuis l'arrivée de Diane Lemieux, dont un code d'éthique et une déclaration d'intérêt: «Le message de Mme Lemieux est clair: les employés de la CCQ ont un devoir de neutralité. C'est une question d'équité et pour rétablir la crédibilité de l'organisme.»

Le président du SEPB-Québec n'a pas rappelé La Presse.