Les quelque 300 employés et cadres de la Commission de la construction du Québec (CCQ) qui sont investis d'un pouvoir d'enquête vont devoir se plier à une vérification de leurs antécédents opérée par le ministère de la Sécurité publique, a appris La Presse.



Le service de filtrage de sécurité du Ministère vérifiera les antécédents judiciaires et la vulnérabilité financière (dettes, faillites multiples, etc.) des titulaires de postes dits «sensibles», qu'ils soient syndiqués ou non. On consultera aussi les banques de données policières à leur sujet.

«Ces employés et cadres qui mènent des enquêtes ont beaucoup de pouvoirs, en particulier de perquisition sur les chantiers et dans les entreprises, explique André Martin, porte-parole de la CCQ. Nous voulons éliminer tout potentiel de risque d'influence ou même de corruption. Notre but est qu'ils soient au dessus de tout soupçon.»

En cas de doute, le rapport anonyme sera déféré à un comité interne «de vérification sécuritaire» qui fera des recommandations sur les suites à donner au dossier et les «mesures appropriées pour corriger la situation». Selon la gravité des faits décelés, la personne visée pourra être reclassée, travailler sous supervision ou perdre son emploi. Dans tous les cas, elle aura un droit d'appel auprès de Diane Lemieux, grande patronne de la CCQ.

Après l'implantation d'un code d'éthique et du formulaire de déclaration d'intérêts, ce «programme d'habilitation sécuritaire», qui entrera en vigueur dans quelques jours, est la deuxième mesure mise en oeuvre par Diane Lemieux pour assainir l'organisme, secoué dans le passé, tout comme le milieu de la construction, par plusieurs allégations liées à l'éthique (proximité avec certains syndicats, etc.).

«C'était une démarche inusitée, mais nécessaire, pour établir, voire rétablir, la crédibilité et l'intégrité de la CCQ. Cette démarche plus générale étant terminée, une deuxième étape s'impose», écrit Diane Lemieux dans un courriel adressé aux employés concernés par cette nouvelle mesure, que La Presse a obtenu.

Lors de sa nomination, le 25 janvier, par la ministre du Travail Lise Thériault, Diane Lemieux avait déclaré: «La mission et les pouvoirs importants dévolus à la CCQ font en sorte qu'elle est un maillon fondamental pour le bon fonctionnement de l'industrie de la construction. Ce maillon ne peut être ni faible, ni vulnérable.»

Ce programme d'habilitation a été approuvé par le conseil d'administration de la CCQ, composé notamment de représentants des syndicats. Malgré cela, le syndicat des employés de la CCQ (SEPB) le conteste et aurait déjà, selon nos sources, envoyé une mise en demeure à Diane Lemieux.

Rappelons que les enquêteurs de la CCQ doivent être intégrés, au même titre que les policiers de l'escouade Marteau, à la nouvelle Unité permanente anticorruption (UPAC) dirigée par l'ex-policier de la Sûreté du Québec Robert Lafrenière.