La Régie du bâtiment a annulé, peu avant Noël, la licence de l'entreprise Construction Rockburn, dirigée par Nello Di Rienzo, un gangster et trafiquant de drogue associé à la mafia italienne.

Di Rienzo, 42 ans, et son associé d'affaires, Tony Tallarita, 40 ans, ont été arrêtés en 2006 lors de l'opération antimafia Colisée, dirigée contre le clan Rizzuto. Ils ont alors été décrits devant la cour comme les chefs d'une cellule mafieuse du clan Rizzuto, spécialisée dans l'exportation massive de marijuana vers les États-Unis.

La preuve a révélé que le groupe envoyait régulièrement de 10 à 30 kg de marijuana en Floride et au Maryland. Il projetait d'en expédier 100 kg par mois. Profits estimés: 675 000$ par mois ou 8,2 millions par année. La drogue transitait par la réserve amérindienne d'Akwesasne avant de passer en territoire américain.

Les deux hommes étaient actionnaires à parts égales des Pavages Tallarita Canada, firme spécialisée dans la pose d'asphalte et de pavé uni. Ils ont aussi dirigé ensemble Construction Rockburn, sise dans le même immeuble, au 8225, rue du Creusot, à Saint-Léonard.

Même après leur arrestation, Di Rienzo et Tallarita ont obtenu de la Ville de Montréal plusieurs contrats pour des travaux d'infrastructures d'une valeur totale de 3,1 millions. Depuis 2005, Pavages Tallarita a aussi travaillé dans les municipalités de Westmount, Terrebonne, Longueuil, Mont-Royal, La Prairie et Salaberry-de-Valleyfield. Dans ce dernier cas, l'appel d'offres portait sur l'asphaltage de trois rues et du stationnement du poste de police local.

Dans le cadre des négociations avec les avocats de plusieurs accusés, le ministère public a consenti à retirer les accusations portées contre Tallarita, tandis que Di Rienzo s'en est tiré avec une peine équivalant à trois ans de prison et une amende de 15 000$. En novembre 2007, Di Rienzo s'est reconnu coupable en Cour du Québec de gangstérisme et de complot pour trafic de marijuana. Il avait pris la relève de son frère Giovanni, extradé aux États-Unis pour avoir aidé des trafiquants colombiens à blanchir plus de 100 millions de dollars au début des années 2000.

En juin 2005, les policiers ont découvert une serre hydroponique dans le complexe commercial qui jouxte les anciens locaux de Pavages Tallarita, au 4537, rue J.-B.-Martineau, à Saint-Léonard.

Avant de se lancer en affaires avec Tallarita, au début des années 2000, Di Rienzo avait été l'un des fondateurs d'Ulisse Construction. Il a réinvesti un bénéfice de 125 000$ dans Pavages Tallarita. Mais au bout du compte, il s'est retiré de cette dernière entreprise et a concentré ses efforts dans Construction Rockburn. Tony Tallarita habite à Laval, à côté de la luxueuse maison de Di Rienzo, évaluée à 556 400$. Tallarita est le deuxième actionnaire de Construction Rockburn.

En revanche, le registre des entreprises indique que Di Rienzo n'est plus actionnaire de Pavages Tallarita. Cette dernière entreprise garde donc sa licence d'entrepreneur, les accusations ayant été retirées contre Tony Tallarita, son principal dirigeant.

En vertu d'une loi adoptée l'année dernière, la Régie du bâtiment ne peut pas accorder de licence à un entrepreneur qui a été déclaré coupable de participation à une organisation criminelle. L'avocat de Di Rienzo, Me Guillaume Hébert, s'est présenté seul devant la Régie, en octobre dernier, et a demandé que la licence soit seulement suspendue pendant deux ans. Le vice-président de la Régie, Robert Généreux, a refusé la proposition: le 16 décembre, il a décidé d'annuler la licence.