Invitations de politiciens sur son yacht, perquisitions, financement de Benoit Labonté, contrats mirobolants, allégations de toutes sortes... Malgré sa volonté de demeurer discret, Antonio Accurso a souvent fait les manchettes dans les dernières années.

Le grand public a appris à connaître le nom de ce leader de l'industrie de la construction, considéré comme un vrai charmeur, à la suite de révélations sur des politiciens qui ont voyagé à bord de son luxueux yacht, le Touch. Un bateau qu'il a fait reconstruire à son goût et à grands frais. «Je suis entrepreneur, alors je crois que je peux construire n'importe quoi», a-t-il déjà déclaré.

La liste de ses invités célèbres est longue. Y figurent notamment son ami Michel Arsenault, président de la FTQ, l'ancien président du comité exécutif de Montréal, Frank Zampino, le maire de Mascouche, Richard Marcotte, et bien d'autres.

Ses accointances avec le monde politique ont été mises en lumière à l'automne 2009, lorsqu'on a appris qu'il avait aidé financièrement Benoit Labonté, en 2008, lors de la course à la direction de Vision Montréal. Ces révélations ont provoqué la démission immédiate du bras droit de Louise Harel, en pleine campagne électorale pour la mairie de Montréal.

À la même époque, sa firme Simard-Beaudry s'est retrouvée entraînée dans la controverse du contrat des compteurs d'eau.

La Presse a révélé que Frank Zampino avait séjourné deux fois à bord du Touch alors que le processus d'appel d'offres pour ce contrat de 356 millions de dollars battait son plein.

Juste avant les élections, le maire de Montréal a annulé ce contrat, accordé en décembre 2007 au consortium GENIeau (Simard-Beaudry et Dessau-Soprin). La controverse a provoqué le départ de Frank Zampino, du directeur général de la Ville de Montréal, Claude Léger, ainsi que du directeur des affaires corporatives, Robert Cassius de Linval.

Diversification

Tony Accurso sait aussi diversifier ses affaires. En plus du monde de la construction, où il dirige une kyrielle d'entreprises, il est le propriétaire du complexe Le Tops, aux Galeries Laval (il en est le président), au bord de l'autoroute 15.

Cet établissement, inauguré en présence de Gilles Vaillancourt, est assidûment fréquenté par le monde politique et syndical, en particulier des têtes d'affiche de la FTQ-Construction. L'ADQ y a déjà tenu un souper de financement.

Un ancien inspecteur-chef de la police de Laval a été contraint de démissionner pour avoir fait des recherches à titre personnel dans la banque du Centre de renseignements policiers du Québec à la demande du Tops. Le tenancier et ses gérants voulaient en savoir plus sur des candidats à des emplois.

Mais Tony Accurso a aussi fait parler de lui dans les journaux dans des circonstances tragiques. En 1987, son beau-frère et ex-partenaire d'affaires, Mario Taddeo, s'est fait assassiner dans la carrière Mirabel par un tueur à gages.