La Commission de la construction du Québec va resserrer ses règles afin d'éliminer les possibilités de conflits d'intérêts de ses employés qui ont des liens familiaux avec la Fédération des travailleurs du Québec ou d'autres organisations du secteur.

Le président et chef de la direction de la CCQ, André Ménard, a reconnu lundi que, même si tout fonctionne bien à la CCQ, les liens personnels de certains membres de son organisation peuvent nuire aux apparences.

«Je ne veux pas être naïf et me fermer les yeux, a-t-il dit. Je comprends qu'en terme de perception, pour les citoyens du Québec, ça peut soulever des questions. Mais ça ne veut pas dire qu'il y a malversations ou favoritisme pour autant.»

Lors d'une entrevue à La Presse Canadienne, M. Ménard a affirmé que la CCQ avait l'intention d'améliorer son code d'éthique afin d'implanter des balises plus précises relativement à d'éventuels conflits d'intérêts reliés aux liens familiaux de ses employés.

Aucune directive écrite n'existe actuellement pour que les employés, notamment ceux affectés aux enquêtes, s'abstiennent de traiter des dossiers impliquant des membres de leur famille.

«Il y a des directives qui sont verbales, a-t-il dit. Il y en a qui font en sorte qu'une personne va passer le dossier à quelqu'un d'autre.»

M. Ménard a longuement défendu, lundi, son directeur des inspections et enquêtes, Richard Massé, frère de l'ancien président de la FTQ, Henri Massé.

M. Ménard s'est porté garant de l'intégrité de M. Massé, qu'il a lui-même engagé en 1995, soutenant qu'aucune plainte ne lui était parvenue relativement au travail de l'équipe d'enquêteurs de la CCQ, une organisation paritaire dont les activités sont financées par les syndicats et organisations patronales de la construction.

«Je n'ai jamais vu aucune association patronale, ou association rivale de la FTQ, porter plainte contre son intégrité, son acharnement au travail ou sa probité, a-t-il dit. Cette personne là a été acceptée à l'unanimité et M. Massé est reconnu pour sa compétence.»

Selon M. Ménard, Richard Massé s'est déjà abstenu d'intervenir dans un dossier. Mais le dirigeant de la CCQ n'a pas voulu révéler si ses liens familiaux avec la FTQ étaient en cause.

«Il n'y en a pas des centaines et ça n'a pas besoin d'être des cas de FTQ, a-t-il dit. Dans certains cas, ça peut être autre chose.»

M. Ménard a aussi défendu la présence de deux parentes de deux dirigeants de la FTQ-Construction au sein de l'équipe de la CCQ, en expliquant qu'elles ont été embauchées à la suite d'un examen d'entrée auquel elles se sont soumises.

Selon le dirigeant de la CCQ, l'épouse du directeur général de la FTQ-Construction, Richard Goyette, travaille comme secrétaire et la fille du président de la FTQ-Construction, Yves Mercure, occupe quant à elle un poste d'agent de bureau.

M. Ménard a estimé que pas plus de neuf des 1100 employés de la CCQ ont de la famille parmi les hauts dirigeants de la FTQ-Construction.

«C'est évident, quand on entre à la CCQ, il y a des encadrements assez précis, a-t-il dit. C'est une boîte qui est soumise à plusieurs pressions. C'est tout à fait normal puisqu'on applique de la réglementation.»

La CCQ enquête actuellement dans la région de la Côte-Nord, où le nombre de plaintes pour intimidation a explosé sur les chantiers de construction et où des infractions de cette nature ont été constatées.

Cette situation a notamment incité un représentant syndical de la FTQ-Construction visé par un de ces constats,

Bernard Gauthier, à défendre ses pratiques dans la région, notamment sur le chantier de La Romaine, où le gouvernement a investi 6,5 milliards $ pour la construction d'un complexe hydro-électrique.

Lundi, M. Ménard a affirmé que son organisation était en position d'effectuer des enquêtes en toute impartialité, même si la FTQ-Construction est mêlée à certains dossiers.

«Je déplore qu'on tente de mettre en doute la capacité de la Commission à assurer pleinement ses responsabilités», a-t-il dit, en énumérant toutes les offensives menées par la CCQ, notamment sur le front de la lutte au travail au noir et contre l'intimidation.

Actuellement, quatre enquêteurs de la CCQ sont sur la Côte-Nord afin d'examiner les plaintes.

Par ailleurs, M. Ménard a assuré que la CCQ prenait les moyens requis pour assurer le bon déroulement des votes d'allégeances syndicales, lors desquels les travailleurs choisissent à quel syndicat ils souhaitent appartenir, tous les trois ans.

«Les centrales syndicales rivales, qui forment nos conseils d'administration, auraient levé le doigt depuis longtemps si on avait exercé du favoritisme», a-t-il dit.