Grands absents de l'opération Marteau, les policiers de Montréal ont fait leur entrée en force hier dans l'escouade spéciale contre la corruption et la malversation dans l'industrie de la construction.

La Sûreté du Québec a annoncé l'intégration de huit policiers de Montréal, ainsi que deux agents de Longueuil et Laval, au sein de l'équipe mise sur pied le 22 octobre dernier. Ces policiers seront affectés à temps plein à l'équipe d'une quarantaine d'enquêteurs et auront leur quartier général aux bureaux de la Sûreté du Québec, rue Parthenais à Montréal.

Ces embauches arrivent à point. Diverses sources ont en effet confirmé à La Presse que les enquêtes menées par les policiers montréalais ont déjà permis de mettre au jour des informations «brûlantes» sur les liens entre les mondes de la construction, du crime organisé et de la politique.

Toutefois, la participation du Service de police de la Ville de Montréal à l'escouade Marteau était retardée pour des raisons administratives. Selon ce qu'a appris La Presse, le SPVM était réticent à assumer le salaire de ses enquêteurs qui seraient intégrés à l'escouade. C'est parce que Québec a récemment donné des garanties financières à ce sujet que l'entente d'hier a pu être annoncée.

Pour le porte-parole de la SQ, François Doré, il ne s'agit nullement de reconnaître que l'absence du SPVM était une erreur. «Arrêtez tout de suite. Au contraire, le SPVM faisait partie de l'escouade. Ce qui a changé ce matin, c'est que huit d'entre eux vont venir s'asseoir avec nous de façon permanente.»

Dès la création de l'escouade, le mois dernier, la SQ s'était assurée de la collaboration de tous les services de police au Québec, y compris le SPVM, précise M. Doré. «Ces gens-là nous avaient assurés de leur totale et entière collaboration, il y avait eu des discussions entre Richard Deschênes, le directeur général de la Sûreté du Québec, et M. Delorme, directeur du SPVM.»

Le SPVM, cependant, ne figurait pas aux côtés des organismes officiellement inclus dans la composition de l'escouade, comme la GRC, la SQ ou la Régie du bâtiment du Québec. Du côté du gouvernement du Québec, on expliquait cette absence par le fait que les enquêtes touchant la corruption municipale relevaient des corps de police de «niveau 6». Or, seules la SQ et la GRC ont cette certification en vertu de la Loi sur la police.

Cette annonce de la SQ hier survient moins d'une semaine après que les médias eurent fait état de problèmes de recrutement au sein de son escouade spécialisée. Sous le couvert de l'anonymat, plusieurs policiers montréalais avaient manifesté leur grogne de ne pas avoir été associés dès le départ à cette opération.

Hier, le porte-parole de la SQ a confirmé que le recrutement n'était pas terminé. «On parle d'environ la moitié (d'embauches), sur une quarantaine environ pour enquêter spécifiquement sur la corruption et la malversation, précise François Doré. Mais les enquêteurs sont déjà à pied d'oeuvre, ils sont littéralement sur le terrain, à enquêter sur ces allégations-là.»

La ligne de dénonciation 1-888-444-1701, annoncée en octobre dernier, a donné des résultats «intéressants», note le porte-parole. Les appels ont généré quelque 130 informations «qui ont besoin de vérification, validation et enquête».

Il a été impossible d'obtenir les commentaires du SPVM.

- Avec la collaboration de Catherine Handfield