Le député indépendant Pierre Curzi refuse de se voir comme le sauveur potentiel du Parti québécois et prévient qu'un changement de chef ne serait pas suffisant pour sortir le parti de ses déboires actuels.

Le député de Borduas, qui a quitté le caucus péquiste au printemps, a fait ces déclarations devant la centaine de personnes réunies au Lion d'Or, à Montréal, pour le souper-conférence de la publication indépendantiste L'Action nationale.

«Remplacer quelqu'un par quelqu'un d'autre ne sera pas assez», a-t-il répondu, lorsque le sociologue et chroniqueur Mathieu Bock-Côté l'a interrogé sur son désir de devenir chef.

Alors que de plus en plus de députés et de membres du parti évoquent le départ de Pauline Marois, M. Bock-Côté a amusé la salle en indiquant dans sa question que «la rumeur dit qu'il y aura bientôt carence à la direction d'un parti politique».

M. Curzi a refusé de dire s'il se voyait comme le futur chef du PQ. Il a toutefois insisté pour dire que le choix du chef n'est pas tout.

«Je ne peux pas imaginer qu'un individu puisse faire une différence à ce point-là, a-t-il dit. Il y a beaucoup plus que la recherche d'un leader, qu'il soit charismatique ou pas.»

Selon lui, le paysage politique risque d'évoluer encore au cours des prochains mois.

«C'est une réponse ambiguë, car je crois que la situation est encore en train de se créer», a-t-il laissé tomber sur un ton prudent.

Les mauvais résultats du Parti québécois dans les sondages ne lui font d'ailleurs pas craindre pour l'avenir du projet souverainiste.

«Bizarrement, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup d'espoir dans la situation actuelle», a-t-il déclaré.

M. Curzi a livré un long discours qui lui a valu une ovation de l'assistance.

Parmi les convives se trouvaient les anciens députés péquistes Lisette Lapointe, Louise Beaudoin, Camil Bouchard et Jean-Martin Aussant, ainsi que le président des Intellectuels pour la souveraineté, Gilbert Paquette, le secrétaire du club politique SPQ-Libre, Pierre Dubuc, le président du Conseil de la souveraineté, Gérald Larose, et le fondateur du Nouveau Mouvement pour le Québec, Jocelyn Desjardins.

Le discours de M. Curzi aurait pu convenir à un chef de parti. L'ancien porte-parole du PQ en matière de langue, culture et éducation a largement débordé de ces thèmes pour aborder aussi l'économie, l'immigration, la gestion du territoire, les institutions démocratiques et les grands enjeux internationaux.

Il a montré du doigt «le grand capital» qui convoite les richesses naturelles du Québec et ne contribue pas assez au bien-être collectif, selon lui. «Nous abandonnons aux grandes corporations notre développement», a-t-il déploré.

«Comment se fait-il que nous ayons encore ce vieux réflexe archaïque de penser que pour nous développer, nous devons nous déposséder?», a-t-il demandé, en soulignant que des pays comme la Norvège retiraient beaucoup plus de redevances de l'exploitation de leurs ressources.

Il a aussi affirmé que le Québec a «tout ce qu'il faut» pour diminuer grandement, voire éliminer sa dépendance au pétrole grâce aux énergies renouvelables.

«Ce projet-là est fabuleux. C'est un projet à faire rêver n'importe qui. Et il est porteur. C'est ce type de projet-là qu'il faut mettre en oeuvre», a-t-il dit.

Il a par ailleurs plaidé pour un mode de scrutin proportionnel afin de sortir du bipartisme à l'Assemblée nationale, qu'il juge malsain et «lassant».