Le climat était toujours tendu, jeudi, dans l'équipe de députés du Parti québécois, au lendemain d'une réunion houleuse consacrée au leadership de la chef Pauline Marois.

Le député de Blainville, Daniel Ratthé, un de ceux qui contestent la chef, s'en est pris durement à ses collègues, déclarant qu'il ne leur faisait plus confiance et qu'à l'avenir, il ferait preuve de la plus grande prudence lors des rencontres du caucus.

En point de presse, le député a dit ne pas avoir apprécié que les médias associent son nom à la fronde contre Mme Marois, y voyant un manque de respect de la consigne voulant que les paroles prononcées dans le caucus devaient demeurer confidentielles.

M. Ratthé a dit que s'il apprenait le nom de celui ou ceux qui ont parlé aux journalistes, il les dénoncerait sur la place publique.

Sur le fond des choses, il n'a cependant pas nié son malaise et a laissé planer le doute sur son avenir au sein de l'équipe péquiste. Mais pour l'instant, il dit rester solidaire de Mme Marois.

«Je n'ai pas désavoué ma chef publiquement», s'est-il contenté de dire, en ajoutant que le jour où il ne lui ferait plus confiance, il l'aviserait et convoquerait une conférence de presse par la suite. «On est toujours en discussion», a-t-il ajouté, quant à son avenir, sans vouloir se fixer d'échéance.

Mercredi, lors de deux rencontres de plusieurs heures avec ses députés, Mme Marois a tenté de sauver son leadership, en invitant les dissidents à se rallier, ou à partir.

À l'approche de prochaines élections générales, certains élus, particulièrement ceux de la cuvée 2008, craignent d'aller à l'abattoir, constatant que l'appui au PQ n'atteint plus que 18% dans les sondages.

Dans un concert de rumeurs de toutes sortes qui hantent les corridors du parlement, il est difficile d'évaluer sans se tromper l'importance du mouvement de dissidence contre Pauline Marois.

Il y a certainement au moins cinq ou six députés - mais d'aucuns prétendent qu'il pourrait y en avoir jusqu'à une vingtaine - prêts à désavouer Mme Marois si elle ne réussit pas à mieux performer dans les sondages à court terme.

L'équipe péquiste compte 46 députés. En fin de soirée mercredi, tous s'étaient ralliés à la chef - officiellement du moins.

Le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, était absent des caucus de mercredi, ayant pris des engagements à Roberval. Jeudi, il s'est cependant entretenu avec sa chef, lui renouvelant son appui et l'assurant qu'il demeurait dans l'équipe.

M. Drainville fait partie des députés inquiets qui, au lendemain de la démission fracassante de cinq députés péquistes en juin, avait dit que le PQ devait se transformer ou périr. Il a proposé depuis une série de changements qui seront analysés lors du prochain conseil national du parti à Saint-Hyacinthe, début décembre.

Pour la chef, ce conseil national, autour du thème de la politique à pratiquer autrement, risque fort, dans le contexte, de se transformer en nouveau test pour son leadership.

Un autre test à prévoir à court terme pour elle et son parti sera l'élection complémentaire attendue dans Bonaventure, qui pourrait être déclenchée dès la semaine prochaine, pour trouver un successeur à l'ex-ministre Nathalie Normandeau. Une défaite du candidat péquiste rendrait certainement les députés déjà en réflexion encore plus nerveux.

Dans les corridors du parlement, jeudi, les députés péquistes semblaient secoués par la nouvelle onde de choc qui ébranle leur parti. Le député de Bourget, Maka Kotto, a rappelé que Mme Marois avait obtenu un vote de confiance de 93% il y a quelques mois à peine, et que ceux qui contestent son leadership devaient éprouver «des problèmes psychiatriques».