Des députés péquistes envisagent sérieusement de se rendre à l'assemblée du Nouveau Mouvement pour le Québec, dimanche, à titre d'observateurs. Le NMQ, qui juge le PQ «usé» et «confus», n'exclut pas de former un parti politique.

En entrevue avec La Presse mardi, Sylvain Gaudreault, député de Jonquière, a indiqué que certains de ses collègues veulent «faire un tour» au cégep Saint-Laurent dimanche. C'est le cas entre autres de Véronique Hivon.

«Des députés ont l'intention d'y aller. Ça se discute», a-t-il dit. Puis il a nuancé: «Ce n'est pas exclu que des députés participent.» M. Gaudreault croit qu'il est tout à fait normal que des députés péquistes se rendent à l'assemblée même s'ils condamnent le manifeste du NMQ publié hier. La charge contre le PQ l'a lui-même «choqué». Le NMQ «est un mouvement souverainiste, alors il doit bien accepter que tous ceux qui se disent souverainistes participent aux délibérations», a plaidé le député.

Le PQ ne tenait pas le même discours la semaine dernière. Le président du conseil exécutif national du parti, Raymond Archambault, disait que le parti n'entendait pas se rendre à l'assemblée du NMQ. S'il recevait une invitation, le PQ la «considérerait», ce qui ne veut pas dire qu'il l'accepterait, a-t-il affirmé à La Presse.

Dans l'entourage de Pauline Marois, on affirmait hier que «rien n'est confirmé pour l'instant» quant à la participation de députés.

Le NMQ n'a pas envoyé d'invitation au PQ ni à ses députés même si son fondateur, Jocelyn Desjardins, a dit qu'ils pouvaient participer à l'événement. Les démissionnaires du PQ Lisette Lapointe, Pierre Curzi et Jean-Martin Aussant seront présents à titre d'observateurs.

Jocelyn Desjardins n'écarte pas la formation éventuelle d'un parti politique. D'autres membres du NMQ, dont le politologue Denis Monière, y sont favorables.

Manifeste «méprisant», selon Marois

Selon Pauline Marois, le manifeste du NMQ est «très méprisant» à l'égard des militants de son parti. La chef reproche au groupe de «diviser» les troupes souverainistes.

Dans le manifeste intitulé «Brisons l'impasse», 77 signataires attaquent la gouvernance souverainiste de Pauline Marois qui, selon eux, «banalise l'idée d'indépendance». La chef a rappelé que cette stratégie avait été «longuement» discutée au sein des instances locales du parti avant d'être adoptée au congrès d'avril.

«Où étaient-ils, ceux et celles qui, aujourd'hui, considèrent que ce n'est pas ce qu'il fallait faire? Étaient-ils là à faire les débats? Nous les avons faits. Je crois que ce qui se passe actuellement est très méprisant à l'égard de milliers de militants qui croient en la souveraineté», a-t-elle affirmé.

Pauline Marois a nié que le PQ menait «une politique de traque à la dissidence» comme l'affirment les signataires. Elle a fait valoir que «les propositions qui venaient de certaines circonscriptions qui s'opposaient [à la gouvernance souverainiste] ont été soumises dans les débats et ont été rejetées». «À partir de là, je dois respecter la volonté des militants. J'ai surtout le goût de le faire, le pays, plutôt que de continuer à discuter de stratégie», a-t-elle ajouté.

Elle ferme donc la porte à l'idée de remettre en question la gouvernance souverainiste. Depuis 1976, des gouvernements péquistes ont mis en oeuvre des stratégies pour réaliser la souveraineté sans arriver au résultat escompté. Il faut maintenant «choisir un autre chemin», a-t-elle soutenu. Elle a ajouté que le PQ, loin d'être «usé», a un programme et une équipe «renouvelés».

De son côté, le député démissionnaire du PQ Jean-Martin Aussant a réservé un nom pour son éventuel parti politique auprès du Directeur général des élections: Option Québec. C'est le titre d'un essai qu'a écrit René Lévesque en 1968 avant la fondation du PQ. M. Aussant décidera d'ici le 20 septembre, jour de la rentrée parlementaire, s'il crée ou non un parti.

M. Aussant, Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Louise Beaudoin se sont rencontrés hier. Avec le secrétaire général de l'Assemblée nationale, Michel Bonsaint, ils ont discuté du temps de parole et des budgets de recherche auxquels ils auront droit à titre de députés indépendants. Cette question doit faire l'objet de discussions avec les autres partis. Le président rendra une décision dans les premiers jours de la session.