Loin de porter secours à Alexandre Allard, grièvement blessé lors de la manifestation étudiante de Victoriaville, le 6 mai 2012, les policiers ont bloqué l'accès aux ambulanciers et lancé une ultime bombe lacrymogène en direction de ses amis.

La commission sur la crise étudiante a entendu hier les témoignages d'Alexandre Allard, étudiant en histoire, et de son ami Joé Habel, étudiant en génie physique.

Ils ont raconté que la manifestation durait depuis 30 minutes quand les choses ont dégénéré. Les barrières de sécurité ont cédé, les gaz lacrymogènes ont fusé et, surtout, un projectile a atteint Alexandre Allard. Pendant un bref moment, il s'est retrouvé en arrêt respiratoire.

Victime de deux commotions cérébrales et d'une fracture d'un os de l'oreille qui lui a fait perdre l'ouïe d'un côté, M. Allard a passé dix jours à l'hôpital. Il a aussi souffert d'aphasie et de pertes de mémoire. «Encore aujourd'hui, j'ai quelques problèmes cérébraux.»

Pour Joé Habel, aucun doute possible: c'est une balle de plastique qui a été tirée et elle venait du côté des policiers. Selon lui, rien ne justifiait le recours à un tel projectile. La manifestation était encore bien jeune, et les gaz lacrymogènes réussissait à épuiser les manifestants.

M. Habel a dit avoir été troublé de voir les policiers bloquer l'accès aux ambulanciers et lancer une bombe lacrymogène en direction du groupe qui se pressait autour de M. Allard.

M. Allard, lui, s'étonne d'avoir reçu deux visites de policiers à l'hôpital alors qu'il était en piteux état. La déposition qu'il a faite était confuse, d'autant qu'il était incapable de la relire ensuite. Les policiers lui ont demandé de signer le document qui est aujourd'hui considéré comme sa version officielle.