Une crise interne entre fédération et association nationale secoue depuis plusieurs semaines les élèves des cégeps. En route vers le Sommet sur l'éducation supérieure, qui se tiendra à Montréal en février prochain, certaines associations remettent en question leur affiliation à la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). La crise atteint désormais l'un des deux cégeps membres de Montréal, le Collège de Rosemont.

L'association des étudiants du Collège de Rosemont tiendra le 12 décembre prochain une assemblée générale afin de décider si un référendum sera organisé sur une désaffiliation de la FECQ. Le bureau de l'association doit organiser cette assemblée parce qu'un nombre substantiel d'étudiants ont signé une pétition en ce sens. Toutefois, une guerre de tranchées se prépare: les élèves du cégep de Saint-Laurent, affilié à la très militante Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), ont voté un «mandat de destruction des fédérations» et entend être présent durant tout le processus à Rosemont.

«Oui, on veut détruire les fédérations, et notre mandat en ce sens est clair. À la FECQ, il y a un grave problème de démocratie. Les membres ne sont pas consultés quand la présidence parle publiquement et prend des décisions. On ira au Collège de Rosemont pour manifester, montrer des bannières, expliquer aux étudiants qu'ils paient trop cher pour leur affiliation à la FECQ», explique le porte-parole de l'Assocation des étudiants du cégep de Saint-Laurent, Jess Corneau.

«Pendant la grève, c'était flagrant. On a vu Léo Bureau-Blouin éviter à tout prix le sujet de la gratuité scolaire, même s'il en avait le mandat de ses associations membres. Tout ça, bien sûr, car on sait maintenant qu'il aurait un emploi au Parti québécois», croit l'étudiant.

La FECQ nie catégoriquement ces allégations et croit que les élèves du cégep de Saint-Laurent n'ont pas à s'ingérer dans un débat qui ne les concerne pas.

«On n'a jamais eu de position pour la gratuité scolaire, mais bien pour le gel. Tout ne peut pas être constamment des arguments utilisés pour chercher à convaincre les étudiants de ne plus être représentés par la FECQ. Ce n'est pas constructif tout ça», dit la présidente de la FECQ, Éliane Laberge.

Si l'association du Collège de Rosemont vote la semaine prochaine pour la tenue d'un référendum, la fédération compte bien être présente sur le terrain pour écouter ses membres et tâcher de les garder.

«C'est correct de vouloir reconsidérer son affiliation nationale, c'est même sain. C'est le moment où la fédération se rend sur le campus et écoute ses membres, pour s'améliorer», dit Mme Laberge, qui se dit en désaccord avec les motions adoptées contre elle par l'association étudiante du cégep de Saint-Laurent.

«On peut considérer qu'une organisation comme la nôtre n'est pas le meilleur véhicule pour défendre nos opinions. Par contre, c'est un débat qui appartient à chaque cégep. On n'a pas à tout faire pour qu'elle meure, ça n'a aucun sens. Je ne crois pas qu'une association externe ait à faire du piquetage contre la FECQ dans un cégep membre», dit-elle.

Sur les réseaux sociaux, la guerre est à son plus fort. Ce climat tendu pourrait être un prélude à ce qui arrivera au Collège de Rosemont si un référendum a lieu dans les prochaines semaines.

«Nous sommes au fait que des associations étudiantes ont voté des mandats contre la FECQ et qu'ils voudront militer en faveur d'un référendum sur la désaffiliation. Mais il y aura des règles, si jamais un référendum est tenu. Les associations externes devront elles aussi se plier aux règles, qui dicteront aux deux camps, par exemple, les sommes allouées à la promotion de leur position», a pour sa part expliqué Yoan Brel, employé permanent aux archives et communications du Collège de Rosemont.