Le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, n'est pas au bout de ses peines. Après avoir été accusé par l'opposition libérale de «mentir» et de vouloir «faire plaisir aux associations étudiantes» en prolongeant le gel des droits de scolarité pour deux ans plutôt qu'une, voilà que l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) prévient que de nouvelles manifestations se préparent.

«La mobilisation se poursuit et se recentre sur la question de la gratuité scolaire. On n'a jamais été aussi près de l'obtenir. M. Duchesne peut s'attendre à beaucoup de manifestations avant le sommet, pendant le sommet et surtout après le sommet si on n'obtient pas la gratuité scolaire», a déclaré Jérémie Bédard-Wien, l'un des porte-parole de l'ASSÉ.

Un premier pas sera franchi dans les prochaines semaines afin de démontrer que la mobilisation étudiante se poursuit, a-t-il dit. L'International Student Mouvement (ISM), organisation qui a des ramifications dans plusieurs pays du monde, principalement en Europe, appelle à une grève générale du 14 au 22 novembre pour protester contre l'austérité, la marchandisation du savoir et les valeurs néolibérales.

Une trentaine d'associations qui regroupent environ 30 000 étudiants ont entendu l'appel et voté pour une grève de un à plusieurs jours. Des manifestations sont prévues, notamment à Montréal.

Selon M. Bédard-Wien, les préoccupations de l'ISM rejoignent celles des étudiants qui ont participé au Printemps érable.

«La hausse des droits de scolarité est une politique de l'OCDE et de l'Union européenne. C'est une marchandisation de l'éducation qui s'instaure à l'échelle internationale. Les manifestations de novembre s'inscrivent dans notre route vers la gratuité scolaire», affirme-t-il.

Cette stratégie est toutefois loin de faire l'unanimité. La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) croient que les étudiants ne veulent pas descendre dans la rue mais souhaitent plutôt préparer le Sommet sur l'éducation supérieure, que présidera le ministre Pierre Duchesne.

«La majorité des étudiants veulent discuter. Je n'ai pas l'impression qu'on se dirige vers un nouveau printemps érable. La FEUQ veut des solutions, et pas seulement des revendications. On a des idéaux, mais il faut aussi apporter de l'eau au moulin. C'est le temps de proposer des choses», croit Martine Desjardins, présidente de la FEUQ.

Sa collègue de la FECQ abonde dans le même sens: «Ce n'est pas dans nos plans de faire la grève. Il faut des raisons pour la faire. Pour l'instant, on a un gel des frais de scolarité et un gouvernement ouvert aux discussions.»

Le ministre de l'Éducation supérieure a refusé de dire si les droits de scolarité seront augmentés ou indexés au coût de la vie après le Sommet. Pierre Duchesne dit vouloir négocier de bonne foi avec les étudiants.

Il reste à voir si toutes les fédérations, y compris l'ASSÉ, participeront au Sommet sur l'éducation supérieure.