Accusé d'outrage au tribunal et passible d'un bref séjour en prison, Gabriel Nadeau-Dubois a préféré garder le silence en cour jeudi, comme le lui a conseillé son avocat.

«Je suis convaincu de mon innocence, mon avocat aussi. On va travailler très fort pour le démontrer», a déclaré l'ancien leader étudiant peu avant le début de son procès, qui se terminera vendredi au palais de justice de Québec.

À son arrivée, un petit nombre de sympathisants l'a accueilli avec des pancartes, dont une qui réclamait «l'amnistie».

Jean-François Morasse, inscrit en arts visuels à l'Université Laval, l'accuse d'avoir incité les étudiants à violer une injonction qui interdisait les piquets de grève aux abords de l'université et consacrait donc le droit de rentrer en classe. M. Morasse avait obtenu une première injonction au début avril et une seconde le 2 mai.

Le 13 mai, Gabriel Nadeau-Dubois, alors porte-parole de la CLASSE, avait déclaré à RDI: «Je crois qu'il est tout à fait légitime pour les étudiants de prendre les moyens de respecter le choix démocratique qui a été fait d'aller en grève. C'est tout à fait regrettable qu'il y ait une minorité d'étudiants et d'étudiantes qui utilisent les tribunaux pour contourner la décision collective qui a été prise. On trouve ça tout à fait légitime que les gens prennent les moyens nécessaires pour faire respecter le vote de grève. Et si ça prend des lignes de piquetage, on croit que c'est un moyen tout à fait légitime.»

M. Morasse estime que ces paroles sont une incitation à ne pas respecter une décision de la cour.

M. Nadeau-Dubois a plaidé non coupable. «Évidemment, on ne peut pas nier ce que j'ai dit. Mais [nous allons soutenir que] ça ne constitue pas un outrage au tribunal. C'était une opinion de porte-parole étudiant. Ce n'était pas une intention volontaire d'entraver le cours de la justice», a-t-il déclaré ce matin.

Le 7 avril, M. Nadeau-Dubois a dit, au sujet d'un autre étudiant qui avait demandé une injonction: «On a raison de ne pas se laisser impressionner par les injonctions d'un petit con qui a perdu son débat en assemblée générale et qui a des parents assez riches pour se payer un avocat. On a raison de se battre contre ça.»

La peine maximale est d'une année en prison. La poursuite entend réclamer au plus «quelques mois» de détention. La peine minimale se limite à des travaux communautaires ou une amende de quelques milliers de dollars.

«Malhonnêteté intellectuelle»

Le juge Denis Jacques a refusé jeudi midi de prononcer un non-lieu demandé par Me Giuseppe Sciortino, l'avocat de M. Nadeau-Dubois. Il paraissait par moments irrité.

Selon Me Sciortino, la cause n'est pas recevable parce que l'injonction ne visait pas nommément son client et aussi parce qu'on ne peut prouver hors de tout doute que ce dernier en avait pris connaissance avant de faire sa déclaration.

«La malhonnêteté intellectuelle me répugne, a réagi Maxime Roy, l'avocat de Jean-François Morasse. Ce n'est pas une couleuvre qu'on essaie de faire avaler. C'est le nid en entier!»

M. Morasse a conçu un site internet afin de payer les frais de préparation de son dossier de cour (environ 750$). Il ne paye toutefois pas d'honoraires à son avocat. Me Roy a accepté de travailler bénévolement.

Pas de carré rouge

Signe de l'apaisement causé par l'annulation de la hausse des droits de scolarité et l'abrogation de l'essentiel de la loi 12, M. Nadeau-Dubois ne portait pas de carré rouge ce matin. «Le carré rouge pour l'instant est rangé, mais il n'est pas rangé très loin. Il ressortira très, très rapidement si une nouvelle hausse est annoncée», a-t-il prévenu.

La CLASSE a promis de rester vigilante. Elle s'oppose fermement à l'indexation des droits de scolarité, la solution que proposera le gouvernement Marois au sommet sur l'éducation supérieure.