Après avoir fait du gel des droits de scolarité son cheval de bataille depuis plus de six mois, la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) renoue avec ses anciennes amours et met le cap sur la gratuité scolaire.

C'est la première fois depuis le début du mouvement de grève étudiante que cette revendication est réellement mise de l'avant par l'association. Jusqu'à maintenant, la lutte contre la hausse des droits de scolarité constituait la priorité de la CLASSE.

«Oui, on a bloqué pour l'instant la hausse des frais de scolarité, mais si on veut atteindre une éducation accessible sans discrimination [...], on peut parler de gratuité scolaire, on va la défendre, la gratuité scolaire», a fait valoir Jeanne Reynolds, porte-parole de la CLASSE. Elle a précisé qu'«il y a beaucoup de monde qui est d'accord avec ce projet de société».

La prochaine manifestation mensuelle des étudiants, prévue le 22 septembre, prendra d'ailleurs le virage de la gratuité scolaire. Il s'agira du thème principal.

«Si le gouvernement cède, c'est que notre poids politique n'a jamais été aussi important», affirme l'association sur l'internet. «Ce poids, nous devons l'utiliser. La lutte contre la hausse des frais n'est qu'un premier pas vers un véritable projet politique: la gratuité scolaire.»

Confiance et scepticisme

Par ailleurs, les associations étudiantes ne s'entendent pas sur l'attitude à adopter relativement aux engagements de Pauline Marois.

À la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), on n'hésite pas à dire que la campagne contre la hausse des droits de scolarité est bel et bien terminée et que les étudiants en sortent «victorieux».

«Moins de 24 heures après les élections, on a reçu un appel du Parti québécois» qui confirmait que la hausse allait être annulée, a raconté Éliane Laberge, présidente de la FECQ. «Je pense qu'une première ministre qui vient tout juste d'arriver en poste ne va pas commencer à dire du pipeau.»

À la CLASSE, on doute davantage de la bonne foi du Parti québécois (PQ). «Dire que c'est la fin de la grève ou de la contestation, c'est crier victoire un peu trop vite», a affirmé Jeanne Reynolds.

L'association s'inquiète notamment du fait que le PQ a promis la tenue d'une rencontre entre tous les acteurs du secteur de l'éducation postsecondaire sur la question des droits de scolarité. Le PQ y défendra l'idée de les indexer au coût de la vie.

«Même une indexation des frais de scolarité, ce qui va sûrement être proposé par le gouvernement péquiste, c'est déjà quelque chose d'inacceptable», a fait valoir Jeanne Reynolds.

Si la FECQ est du même avis sur le fond, elle croit que la rencontre se conclura par un compromis qui pourrait convenir à tous. Éliane Laberge a refusé d'évoquer un possible retour en grève si la position d'indexation était retenue par le gouvernement Marois. Quant à Jeanne Reynolds, elle a fait valoir que cette décision reviendrait aux membres.