Arrêtés alors qu'ils perturbaient la reprise de certains cours à l'Université de Montréal la semaine dernière, une douzaine d'étudiants se sont présentés au palais de justice ce matin, dans l'espoir de faire tomber la condition qui leur interdit de se trouver à l'UdeM. Cette condition les empêche de suivre leurs cours, déplorent-ils.

«J'ai des cours qui se donnent en ce moment, et je n'ai pas le droit d'être physiquement à l'Université de Montréal, a expliqué l'un des étudiants, qui a refusé de dire son nom. Il a été arrêté avec une quinzaine d'autres la semaine dernière alors qu'il perturbait les cours d'autres facultés qui, elles, avaient voté pour le maintien de la grève. Il l'a fait par «solidarité», dit-il, pour faire respecter le vote des autres.

«Là où les votes pour la grève ont été perdus, ça a été respecté», assure-t-il.

Les étudiants n'ont finalement pas pu se présenter devant un juge ce matin, car ils n'étaient pas inscrits au rôle de la journée. Leur comparution est prévue pour les 11, 12 et 13 septembre. C'est leur avocat, Me Denis Poitras (qui représente la majorité des étudiants arrêtés depuis le printemps dernier), qui tentait de devancer la date afin de faire changer la condition qui leur interdit de retourner à l'université. Mais voilà, les actes d'accusation n'étaient apparemment pas prêts. Me Poitras dit avoir appris ce matin que deux de ses clients s'en tiraient sans accusation, et il espérait que les autres bénéficient du même traitement. Mais ça ne semblait pas aussi simple. À un certain moment, l'avocat a dit à ses clients que le Ministère public était pris dans sa «bureaucratie», et il leur a recommandé d'aller demander eux-mêmes à la direction de leur département la permission d'assister à leurs cours. Me Poitras a discuté avec la Couronne à ce sujet, et c'est la solution qui a été retenue.

Si le Ministère public autorise les plaintes, les accusés se retrouveront avec des accusations de méfait, et de voies de fait sur agents de sécurité et agents de la paix. Les incidents sont survenus lors de la reprise des cours, la semaine dernière. Les policiers antiémeute ont investi l'établissement pour repousser les manifestants. Ces derniers soutiennent qu'ils ont été «séquestrés» dans des classes par les agents de sécurité. Tout cela reste à éclaircir.

«Il restait 2000 étudiants en grève. Ça représentait une vingtaine de cours par jour. Une vingtaine de cours à bloquer. Pour ces 20 cours, l'Université de Montréal a décidé de «faire rentrer 250 policiers», déplore un des étudiants visés. Le jeune homme assure que si les manifestants étaient masqués, c'est que les agents de sécurité les filmaient et qu'ils ne voulaient pas servir de «chair à canon.»