Après une 100e manifestation monstre, la suivante a été beaucoup plus tranquille. Pour la 101e marche consécutive, moins d'une centaine de personnes ont défilé dans les rues du centre-ville de Montréal pour dénoncer la hausse des droits de scolarité, la loi spéciale et le gouvernement Charest.

Malgré un taux de participation plus faible que la veille, les manifestants ne semblaient pas préoccupés. «C'est normal. On est ici plusieurs soirs par semaine et il ne peut pas toujours y avoir plein de monde en été. Les gens ont toujours la cause imprégnée au coeur et ils l'ont démontré hier», a dit Pierre, étudiant au baccalauréat à l'Université de Montréal.

Parmi les participants, plusieurs ont formulé des critiques à l'endroit de Léo Bureau-Blouin, l'ancien président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Plus tôt dans la journée, le nouveau candidat du Parti québécois (PQ) avait proposé une trêve électorale, une idée qui ne trouvait pas vraiment d'appui dans la foule, jeudi soir. «Il faut continuer jusqu'au bout. On n'a pas fait tout ça pour rien et il ne faut pas baisser les bras parce qu'on n'a rien gagné», ont affirmé Cynthia Latour et Noémie Sarda, deux cégépiennes.

Les manifestants se sont dits plutôt en désaccord avec M. Bureau-Blouin et Pauline Marois, la chef du PQ, qui ont affirmé lors d'une conférence de presse que la reprise de la grève durant la campagne électorale pourrait favoriser le Parti libéral du Québec.

Philip Zoghbi, un étudiant à l'Université de Montréal, a dit pour sa part qu'il ne faudrait surtout pas cesser les manifestations et la grève lors de la rentrée. «Mon côté rationnel me dit que oui; si on bloque les accès aux classes, ça pourrait donner des points à Charest et aux libéraux. Mais on ne doit pas mettre fin à la grève parce qu'on n'a pas eu ce qu'on voulait. Si on s'arrêtait, ça serait la pire défaite de l'histoire du mouvement étudiant. Ce n'est pas parce qu'il y a une élection qu'il faut s'arrêter», a-t-il conclu.

QS et ON, les partis de la rue?

Dans la rue, les partis Québec solidaire et Option nationale semblaient recevoir l'appui de dizaines de manifestants.

Paul-Émile Simard-Maillé, qui commencera le cégep à la fin du mois d'août, ne savait pas encore à qui irait son vote le 4 septembre, disant cependant qu'il ne choisirait pas le PQ. «Léo Bureau-Blouin aurait dû choisir Option nationale ou Québec solidaire. Amir Khadir, il a marché avec nous, il s'est fait arrêter avec nous. Pauline Marois, elle a juste frappé deux ou trois coups de casserole et elle a porté son carré rouge juste pour avoir plus de votes», a-t-il affirmé.

Après avoir circulé parmi les participants des festivals Présence autochtone et Mode et Design, la manifestation s'est déroulée dans le calme. Au moment de mettre sous presse, on ne signalait aucun méfait ni aucune arrestation.

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Khadir au secours de «Charest»


Amir Khadir portant secours à Jean Charest. Plusieurs manifestants ont assisté à cette scène surréelle jeudi soir lorsqu'un manifestant a été heurté par une voiture. Le co-chef de Québec solidaire, qui est aussi médecin, est resté au chevet de celui qui portait un déguisement et une tête géante de Jean Charest jusqu'à l'arrivée des ambulanciers.

Christian Dubois, attaché de presse de M. Khadir, assure que ce dernier agirait de la même manière avec le vrai premier ministre. «M. Khadir a fait un rapide examen clinique du jeune pour s'assurer qu'il pouvait bouger ses membres et qu'il n'était pas en grave danger. Il était blessé à la jambe.

Il s'est aussi assuré que les témoins de l'événement inscrivent leurs noms et coordonnées sur un papier ainsi que le numéro de plaque. Il a mis le papier dans la poche du blessé», explique-t-il. Jeudi, la victime était hors de danger et avait reçu son congé de l'hôpital. Quant au conducteur fautif, les enquêteurs ne l'avaient pas encore rencontré. Les policiers ont une bonne description du véhicule ainsi que son numéro d'immatriculation.