Nouveau contrecoup de la grève étudiante: les étudiants de l'Université de Montréal perdront des centaines de dollars de rabais pour utiliser les transports en commun. En effet, l'établissement suspendra dès le mois de septembre un programme unique qui permettait à des dizaines de milliers d'étudiants inscrits de prendre le bus et le métro pour une fraction du prix.

Les étudiants, qui se battent férocement contre l'augmentation des droits de scolarité, devront maintenant payer plus cher pour se rendre en classe. «Il y a beaucoup de déception», admet Mireille Mercier-Roy, secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAÉCUM), qui représente 82 associations.

Depuis août 2011, la majorité des 55 000 étudiants de l'UdeM avaient un accès illimité au système de transports en commun de la métropole pour la modique somme de 154$ par trimestre grâce à un projet-pilote unique et avantageux, annoncé en grande pompe il y a moins de deux ans. Tous les étudiants à temps plein habitant à Montréal recevaient ainsi une carte de bus et de métro au début de chaque trimestre.

Pour les étudiants de plus de 25 ans, qui représentent environ le tiers de la clientèle, il s'agissait d'une économie d'au moins 150$ pour un trimestre de quatre mois, et de 300$ par année. Ironiquement, cette somme équivaut à la hausse annuelle des droits de scolarité proposée par Québec, contre laquelle les étudiants protestent depuis des mois. Chez les moins de 25 ans, qui ont accès au tarif réduit de la Société de transport de Montréal (STM), on parle plutôt d'une hausse de plus de 21$ par trimestre et d'au moins 42$ par année.

Logistique trop compliquée

Même si le projet - un des seuls au Québec avec celui de l'Université de Sherbrooke, où le bus est entièrement gratuit - était particulièrement apprécié des utilisateurs, l'UdeM a décidé de le suspendre au moins jusqu'en septembre 2013. La cause de cette interruption: la grève étudiante. Encore. «La logistique était devenue trop compliquée», explique Julie Gazaille, porte-parole de l'établissement.

Pour rattraper tous les cours perdus, le trimestre d'automne sera ponctué de deux rentrées: une première en août, puis une seconde en octobre. Le trimestre d'hiver risque pour sa part d'être retardé. «Pour continuer à offrir le rabais, il aurait fallu reprogrammer tout le système informatique. Ça aurait été très lourd, explique Mme Gazaille. À cause des défis techniques, nous avons décidé de faire une pause. Nous en profiterons pour évaluer le programme.»

Grogne chez les étudiants

Chez les étudiants, la grogne se fait sentir. Surtout chez ceux de 25 ans et plus, note Mireille Mercier-Roy. «Pour eux, la différence de prix est majeure, précise la jeune femme. C'est d'ailleurs en partie pour qu'eux aussi aient accès à un tarif réduit que nous avons demandé le rabais. Ils n'y auront plus droit.»

De plus, avec le remaniement des horaires, les classes s'étendront sur dix mois plutôt que sur huit. Les étudiants de plus de 25 ans devront donc débourser 150$ de plus que ce que leur auraient coûté les cartes mensuelles de la STM durant une année scolaire normale (604$). Les étudiants de moins de 25 ans payeront plus de 80$ en supplément pour la même période.