À l'approche d'une éventuelle campagne électorale provinciale estivale, la CLASSE fourbit ses armes, mais promet de se tenir loin de tous les partis politiques. La CLASSE a aussi décidé de ne pas se positionner quant à la poursuite des grèves dans les cégeps et les universités du Québec.

À l'issue d'un congrès tenu samedi à l'Université Laval de Québec, la Coalition large de l'association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), bien que très militante, a choisi de laisser le champ libre aux assemblées générales qui tiendront des votes de grève le mois prochain en vue du retour en classe prévu par la loi 12 (connue comme le projet de loi 78 avant son adoption).

Par voie de communiqué, la Coalition a également fait savoir qu'elle poursuivra sa tournée du Québec, et ce, même si des élections générales devaient être déclenchées le 1er août. Des assemblées populaires étaient d'ailleurs à l'horaire dimanche à St-Jean-sur-Richelieu et à Sherbrooke.

En cas d'élections, la CLASSE n'appuiera aucun parti. Cette décision, annoncée la semaine dernière par l'exécutif, a été entérinée samedi.

«On a des principes très forts d'indépendance totale par rapport aux partis politiques», a assuré samedi l'un des porte-parole de la Coalition large de l'association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois.

Pas question donc pour cette frange plus radicale du mouvement étudiant de donner le moindre appui à un parti politique, même à ceux promettant un gel des droits de scolarité. «C'est absent du débat», a insisté Gabriel Nadeau-Dubois, rencontré samedi à Québec en marge du congrès de la CLASSE tenu à l'Université Laval.

«Même lorsqu'on n'est pas en campagne électorale, on fait attention. Alors, en campagne électorale, on fait encore plus attention», ajoute le porte-parole, qui dit se méfier de la récupération politique du mouvement de grève ayant enflammé le Québec depuis ce printemps.

La CLASSE a été prise à partie cette semaine par le Parti libéral du Québec. La ministre de l'Éducation Michelle Courchesne s'est notamment demandé si la CLASSE ne faisait pas de la politique en lançant une tournée à travers le Québec. «On ne parle plus de droits de scolarité ce matin, on n'est plus du tout, du tout dans l'enjeu des droits de scolarité, avait-elle déploré. On est rendu dans tous les enjeux socio-économiques du Québec. On vient de changer de registre.»

«Notre tournée, on parle d'imprimer du papier et d'envoyer une ou deux voitures, et on dort chez des militants», défend Gabriel Nadeau-Dubois. «Il n'y a pas de location d'hôtel, pas d'autobus. Ce sont des dépenses minimes.»

Grève et campagne estivales: du jamais vu

N'empêche. Les militants étudiants sont bien conscients de l'importance qu'aura leur mouvement de contestation dans la campagne électorale québécoise. «C'est complètement nouveau pour les associations étudiantes. On n'a jamais vu ça avant une grève qui dure durant l'été, aussi longue, aussi grosse. Et là, on ajoute un nouvel élément, on va peut-être avoir à faire une grève en campagne électorale. Ça s'est jamais fait!»

Dans un tel contexte, l'association regroupant 100 000 étudiants au Québec se demande dans quelle mesure elle pourra s'exprimer durant la campagne. «Le fait d'avoir à tenir en compte les règles du Directeur général des élections, c'est nouveau», soutient le porte-parole de la CLASSE. «On sait que nos idées sont à contre-courant de ce que proposent certains partis politiques, dont les libéraux. Mais est-ce qu'on peut le dire? Ce sont tous des éléments qu'on se rend compte...»

Le but de la CLASSE ne sera pas de défier le DGE. «Ce qu'on veut, c'est ne pas briser la loi. On ne veut pas se faire taper sur les doigts. On ne veut pas à avoir à payer des amendes. On va essayer de parler de nos idées, de nos valeurs, de critiquer d'autres valeurs, sans idéalement faire en sorte de devoir enregistrer des dépenses électorales.»

Aux dires de Gabriel Nadeau-Dubois, le gouvernement a semoncé les associations étudiantes de surveiller leurs dépenses électorales, car il craint avant tout la mobilisation des jeunes. «Ils ont peur de notre capacité de mobilisation. Ils savent qu'on a des centaines de militants qui ont la rage au ventre. Juste quantitativement, on a un nombre impressionnant de militants sur le terrain capables de parler aux gens. Peut-être même plus qu'eux autres.»

Enfin, la Coalition invite les étudiants et la population en général à se joindre aux manifestations prévues à travers tout le Québec le dimanche 22 juillet.

- Avec La Presse Canadienne