Rien ne permet d'assurer que les cours pourront reprendre comme prévu en août dans les cégeps et les universités en grève. Et même si c'est le cas, la grève a laissé des séquelles qui risquent d'être longues à effacer.

La plupart des associations étudiantes doivent se prononcer sur la poursuite ou non de la grève dans les jours précédant la reprise du trimestre d'hiver. La rumeur persistante du déclenchement d'élections générales accentue l'incertitude.

«Nous sommes évidemment très inquiets, même si nous pensons que la majorité silencieuse des élèves veut terminer son trimestre. Nous n'avons plus de marge de manoeuvre [pour éviter d'annuler les trimestres]», affirme Jean Beauchesne, président et directeur général de la Fédération des cégeps.

La loi spéciale (78) plane comme une ombre. Des élèves et des étudiants pourraient décider de braver la loi et d'organiser des piquets de grève, alors que d'autres pourraient perturber le déroulement des cours.

Beaucoup de professeurs craignent d'être pris entre l'arbre et l'écorce. «S'il y a des élèves qui se mettent à chanter, à perturber, à déranger les cours, comme professeur [...], je dois aller faire de la délation auprès de la direction. Si je fais cela, je ne peux plus enseigner», fait valoir Vincent Fortier, enseignant de philosophie au Collège de Valleyfield.

La grève a aussi laissé des séquelles, non seulement chez les élèves, mais aussi chez les enseignants.

«On a vécu la grève toute la journée pendant six mois. Avez-vous pensé aux chicanes entre les professeurs, entre les professeurs et la direction, entre les membres de la direction eux-mêmes?», lance Chantal Malouin, enseignante au Collège de Valleyfield en techniques administratives.

Ces appréhensions s'ajoutent à l'incertitude entourant les négociations avec le gouvernement pour orchestrer la reprise des cours. La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ) et le gouvernement ne s'entendent pas sur les coûts de la grève étudiante. Un écart de plusieurs millions les sépare. Les demandes des professeurs, pour le respect de la convention collective, se chiffraient initialement à 40 millions, une somme qui aurait été réduite à 25 millions.

sont touchés par une reprise des cours du trimestre d'hiver, principalement dans la région de Montréal. Selon les établissements, les cours commenceront entre le 10 et le 17 août, pour se terminer au plus tard le 28 septembre. Du côté universitaire, l'Université de Montréal (surtout la faculté des arts et des sciences) et l'Université du Québec à Montréal (toutes les facultés sauf l'École des sciences de la gestion) sont les plus touchées. Les cours auront lieu de la fin du mois d'août à la fin du mois de septembre.