Près de 5% des cégépiens en grève abandonnent, en partie ou en totalité, leurs cours du trimestre d'hiver. Un taux qui pourrait grimper, puisqu'en moyenne, 10% des cégépiens n'ont pas encore fait part de leurs intentions.

C'est ce qui ressort d'une compilation maison réalisée auprès de 8 des 14 cégeps qui devront poursuivre le trimestre d'hiver en août.

Les cégeps ont consulté leurs élèves la semaine dernière pour savoir s'ils comptent poursuivre ou non leur trimestre d'hiver. La loi spéciale (78) prévoit qu'ils devaient donner leur réponse avant le 15 juin. Plusieurs ne l'ont pas encore fait, si bien que plusieurs cégeps leur laissent une dernière chance et comptent attendre encore un peu avant de leur attribuer la mention d'échec.

C'est notamment le cas au cégep du Vieux Montréal, où 28% des élèves n'ont pas fait part de leurs intentions.

Au cégep André-Laurendeau, la direction souhaite également attendre encore un peu; environ 5% des élèves ont l'intention d'abandonner un ou plusieurs cours, et 10% n'ont pas répondu. «Nous avons 150 abandons, ce n'est pas banal. Quant aux 300 autres qui n'ont pas daigné répondre, ça montre que l'intérêt à revenir est mitigé», s'inquiète le directeur général Hervé Pilon. Il précise toutefois que «ça aurait pu être pire».

Les directions générales des cégeps ont exprimé à plusieurs reprises leurs craintes de voir de nombreux abandons à la suite de la grève qui dure depuis plus de quatre mois.

«Au plus fort de la grève, on a beaucoup craint les effets de la grève sur l'abandon scolaire. Il reste qu'un jeune qui abandonne, c'est un de trop», affirme la porte-parole de la Fédération des cégeps, Caroline Tessier.

Avec des taux respectifs de 11% et de 10%, ce sont le cégep de Saint-Laurent et le collège Édouard-Montpetit qui présentent le plus d'abandons de cours dans la compilation de La Presse.

Sans réponse

De plus, quelque 6% des élèves fréquentant le collège Édouard-Montpetit n'ont pas fait part de leurs intentions. Par l'intermédiaire du service d'aide pédagogique, la direction tente actuellement de joindre ceux pour qui cette décision risque d'entraîner des conséquences importantes - par exemple, retarder leurs études d'un an.

«On valide avec eux la décision qu'ils viennent de prendre», explique Josée Mercier, directrice adjointe aux études au service de l'organisation scolaire.

Le Collège de Valleyfield fait de même. Dans cet établissement, 10% des cégépiens n'ont pas répondu à la consultation, et plusieurs dossiers sont actuellement en cours d'analyse, indique le directeur général, Guy Laperrière.

Le collège Lionel-Groulx et le collège Ahuntsic présentent un taux d'abandon qui s'établit respectivement à 3% et à 4%, et recensent un taux de non-réponse de 6% et de 7%.

En raison de la grève, la loi prévoit que les cégépiens pourront abandonner des cours pour des «motifs raisonnables» sans avoir la mention d'échec. La mention «incomplet permanent» figurera sur leur relevé de notes, ce qui n'aura aucun impact sur leur cote R.

Plusieurs en ont fait la demande. Au cégep Marie-Victorin, 130 élèves ont annoncé leur intention d'abandonner leurs cours, ce qui équivaut à 4%. De ce nombre, près de 80 ont demandé la mention «incomplet».