Inquiets de la tournure des événements, des cégépiens touchés par la grève cherchent à s'inscrire dans les cégeps qui ont été épargnés par le conflit, dans les collèges privés, voire à l'extérieur du Québec pour poursuivre leurs cours.

Il faudra toutefois attendre au début du mois d'août, à la fin du processus d'admission, pour savoir si ces demandes se transforment réellement en inscriptions.

«Nous avons eu beaucoup d'appels de gens qui voulaient savoir s'ils peuvent faire le transfert», indique le directeur des communications au cégep de Granby, Sylvain Archambault.

Pour le moment, l'établissement ne rapporte pas davantage d'inscriptions provenant de jeunes qui veulent faire un changement en cours de programme. Le nombre est sensiblement le même d'année en année. Une trentaine de ces jeunes proviennent cette année de cégeps en grève.

«Peut-être que les admissions vont se concrétiser plus tard. Peut-être que les gens attendent de voir comment les choses se placent», explique M. Archambault.

Les défis seront importants pour des cégépiens qui proviennent d'établissements en grève, note pour sa part le directeur général du cégep de Trois-Rivières, Raymond-Robert Tremblay.

Dans les cégeps épargnés par le conflit, le trimestre d'automne commence à la même date qu'à l'habitude, autour du 20 août. À ce moment, les autres cégeps seront en train de terminer le trimestre d'hiver.

«C'est le casse-tête chez nous», lance M. Tremblay. Une vingtaine des 150 cégépiens qui ont fait une demande de transfert vers Trois-Rivières proviennent d'un cégep en grève.

«Quand ils vont nous arriver, au début du mois d'octobre, il y aura déjà six semaines de passées. Sur un trimestre de 15 ou 16 semaines, c'est un gros manque.»

Collèges privés

La hausse des demandes d'admission se fait sentir avec plus d'acuité dans les collèges privés, surtout ceux des régions de Montréal, de Sherbrooke et de l'Outaouais.

En raison du nombre de places limitées, ces établissements ne peuvent toutefois accueillir beaucoup plus d'élèves, explique le directeur général de l'Association des collèges privés du Québec, Pierre L'Heureux.

«Dès le mois d'avril, quand on a commencé à voir que les trimestres étaient perturbés, on a eu des appels», affirme-t-il. Des parents voulaient y transférer immédiatement leurs enfants, ce qui est impossible en cours de trimestre en vertu du règlement.

Plusieurs demandes d'admission ont ensuite été reçues après le 1er mars, date limite pour les admissions au premier tour.

«Chaque fois qu'il y a un grand mouvement dans le secteur public, comme en 2005, on note toujours une augmentation des demandes d'admission au privé», note M. L'Heureux en précisant que le phénomène est généralement de courte durée.

Le conflit se répercute jusqu'en Ontario. La Cité collégiale rapporte aussi une hausse des demandes d'admission. «On ne peut pas préciser si c'est le seul conflit qui fait en sorte que nous avons une augmentation», souligne la porte-parole, Mona Fortier. Les nombreux postes abolis dans la fonction publique fédérale peuvent aussi avoir favorisé un retour aux études.

Des 24 établissements du réseau collégial ontarien, dont seulement deux sont francophones, la Cité collégiale connaît clairement un essor, note toutefois Mme Fortier. «Un pourcentage élevé de nos étudiants provient de l'Outaouais», dit-elle.